Alors que beaucoup présidaient la mort politique de Donald Trump avec sa défaite à l’élection présidentielle de 2020 et l’assaut du capitole du 6 janvier 2021, nous assistons à une renaissance politique. L’ancien président apparait comme le grand favori pour devenir pour la troisième fois consécutive le candidat du GOP (2016, 2020 et donc 2024), alors qu’il n’avait jamais été élu à une fonction électorale avant 2016.
Ce retour politique s’effectue par le processus des primaires républicaines qui structurent la vie politique américaine à différents échelons. En effet, nous avons des primaires pour les différentes fonctions d’élus dans la mesure où le bipartisme règne avec la domination des démocrates sur la gauche et des républicains sur la droite. Ainsi, les différents échelons comme candidat à la chambre des représentants, au Sénat, à la présidence, passent par une primaire avant d’être désigné comme candidat officiel de son camp.
Le règne de Donald Trump sur les républicains est contesté par différents protagonistes du parti. À ce titre, son ancien protégé Ron DeSantis, a longtemps fait figure de meilleure solution pour empêcher le retour de l’ancien président à la primaire. Cependant, l’année 2023 a vu la consécration sondagière du milliardaire dans les intentions de votes et personne ne semble en mesure de lui contester le leadership pour la prochaine élection présidentielle.
Pour autant, si cette primaire républicaine est en train de le relégitimer, est-ce qu’une primaire trop longue ne pourrait pas lui nuire comme elles avaient nui à Hillary Clinton en 2016 face à Bernie Sanders ? En cas de résistance importante d’autres concurrents comme Nikki Haley, à partir de quand Donald Trump pourrait plier le match ? Ces questions permettront de savoir à partir de quand nous verrons un très probable match retour et de l’affiche de 2020 entre Joe Biden et Donald Trump.
Les primaires des deux grands partis sont des étapes complexes mais nécessaire de la vie politique américaine dans la mesure où le bipartisme règne avec la domination des démocrates sur la gauche et des républicains sur la droite. Ce processus rythme la vie politique américaine, d’autant plus que la primaire démocrate ne produira aucune surprise et verra la victoire de Biden, à moins que ce dernier ne décide de renoncer.
Les premiers caucus et primaires jusqu’au Super Tuesday sont très importants pour la suite de la campagne qui nous mènera à la CNR de Milwaukee en juillet. Ils permettent ainsi de faire émerger des figures politiques et servent de sélection naturelle dans les ambitions des cadres des républicains au point éventuellement de faire émerger un ou une vice-présidente pour Donald Trump.
En effet, nous avons plusieurs scénarios permettant d’établir une victoire de Donald Trump. La première possibilité serait que Nikki Haley renonce à la suite de déconvenu comme potentiellement dans son « home state » de Caroline du Sud où elle a été gouverneure sur le modèle de Marco Rubio en 2016 lorsqu’il a perdu en Floride.
Dans d’autres hypothèses et en cas de maintien de Nikki Haley, Donald Trump pourrait plier le match en obtenant les 1215 délégués nécessaires pour remporter officiellement la primaire. Selon nos calculs, en cas de gros écarts avec sa concurrente, il pourrait obtenir les délégués nécessaires au plus tôt le 5 mars lors du Super Tuesday ou au plus tard lors des scrutins du 19 mars. À ce titre, il faudrait que Nikki Haley superforme ou que Donald Trump sous-performe par rapport aux scores précédents ou à la dynamique des sondages et de la campagne pour éviter un tel scénario.
Ainsi, en cas de progressions de Nikki Haley, la primaire pourrait devenir un tombeau pour Donald Trump alors qu’elle a été plutôt un tremplin pour l’ancien président. Elle lui a permis d’assoir sa domination sur le parti, de se relégitimer et d’apparaitre de nouveau comme un « winner » pour son camp politique. Cependant, si la campagne dure trop longtemps alors elle pourrait provoquer plus de défauts que d’avantages. Notamment, en l’éloignant des électeurs cibles de la campagne présidentielle 2024 (les femmes, les indépendants, les suburbs, etc.), en le radicalisant plus qu’il ne l’est, et en consommant toutes ses précieuses ressources. Il pourrait ainsi subir le même sort qu’Hillary Clinton face à Bernie Sanders en 2016.
Par William Thay, président du Millénaire,
Pierre Clairé, directeur adjoint des études du Millénaire, spécialiste des questions internationales et européennes
Contributions :
Sean Scull, analyse du Millénaire,
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Crédit photo : Donald Trump by Gage Skidmore, via Wikimedia Commons sous license CC BY-SA 2.0
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