Edito à retrouver dans le numéro du 23 octobre.
Depuis 40 ans, la France a choisi les dépenses courantes et les dépenses sociales pour favoriser le court terme au détriment de l’investissement et du long terme. La France paye ses choix désastreux qui ont conduit à creuser la dette sans pour autant renforcer l’État notamment dans ses missions régaliennes où il manque de tout à l’Intérieur ou à la Justice.
La France paye 40 ans de gestion socialiste
La France accumule une dette depuis le tournant idéologique de 1981 en vivant à crédit. En 1981, la dette publique représente 22% du PIB et les dépenses courantes 5,8% du PIB, contre désormais plus de 110% pour la dette et plus de 10% pour les dépenses de fonctionnement. Ce modèle de gestion où l’endettement est encouragé pour répondre aux besoins immédiats a fragilisé les bases financières de la nation, compromettant la capacité d’action pour l’avenir.
Pour autant, cela n’a pas bénéficié à notre État régalien. La France consacre 77,22 euros par habitant à sa justice contre 136 euros par habitant pour l’Allemagne. Les policiers allemands sont environ 10% à 15% mieux payés qu’en France. Paradoxalement, la France est la championne du monde des dépenses publiques (58% du PIB en 2023) et pourtant l’Etat est désarmé pour assurer sa première mission : la sécurité.
Ce désarmement s’explique par les vieilles lunes socialistes qui ont dominé le débat public depuis 1981 jusqu’au macronisme. On considère qu’en réduisant la pauvreté par la politique sociale, l’insécurité baisse. Ce postulat est faux. Par exemple, à Marseille, le taux de chômage a baissé entre 2008 (16,7%) et 2023 (9,4%) et dans le même temps les homicides ont explosé (13 en 2008 contre 49 en 2023). Pourtant, ce sont ces vieux postulats qui ont contribué à ce que les dépenses sociales passent de 10% du PIB en 1981 à près de 33% en 2023, contribuant à désarmer l’Etat régalien. Seulement, la CAF ne remplacera jamais un commissariat.
La France vers un destin à la grecque ?
Les arbitrages budgétaires de l’Etat vont à contresens des aspirations des Français : ils ont de la dette, mais pas de sécurité. Pourtant, selon un sondage Elabe pour l’Institut Montaigne d’octobre 2024, 82% des Français jugent urgent de réduire la dette[1], de même qu’entre 70% et 80% des Français font de la sécurité une priorité. Cette dépendance au crédit pour financer des dépenses de fonctionnement, sans retours suffisants en termes de services publics, crée un sentiment d’injustice rendant toute décision d’austérité difficile. Comment demander aux Français de fournir des efforts si l’Etat ne remplit pas son rôle ?
L’exemple de la Grèce nous montre ce qui nous attend si rien n’est fait. Elle a sombré dans une crise économique majeure en raison de déficits publics incontrôlés, une dette croissante et des réformes structurelles sans cesse repoussées. Cet exemple montre que lorsqu’un Etat n’est plus jugé compétent pour s’occuper de prérogatives régaliennes (la protection des frontières pour les Grecs), les peuples refusent les réformes structurelles ou et les économies pourtant nécessaires pour se redresser.
Si le pays veut éviter un tel scénario, des mesures drastiques s’imposent. D’abord, réduire les dépenses de fonctionnement, particulièrement celles qui financent les structures pléthoriques de l’administration, notamment les 1 200 agences, pour recentrer l’État sur ses missions régaliennes et optimiser son efficacité. Il est également crucial de redonner du souffle à l’économie productive en allégeant la fiscalité des entreprises et en encourageant les investissements dans les secteurs d’avenir. Enfin, il semble désormais impératif de revoir les politiques sociales pour qu’elles soient plus justes et qu’elles ne reposent pas uniquement sur ceux qui travaillent.
William Thay, Président du Think-Tank Le Millénaire
[1] [Sondage] – Réduire les dépenses publiques : oui, mais comment ?, Institut Montaigne, 2 octobre 2024.
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Crédit photo : ministère de l’Économie et des Finances, via Flickr sous licence CC BY 2.0
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