Persuadé d’incarner le rempart démocratique et la liberté, Joe Biden souhaitait initialement être de nouveau candidat comme Donald Trump en novembre 2024 pour empêcher l’ancien président de revenir à la Maison Blanche. Il mettait régulièrement en garde les électeurs américains contre les conséquences néfastes d’une réélection de Donald Trump. Selon le vétéran démocrate, le retour aux affaires du représentant MAGA (Make America Great Again) mènerait l’Amérique à sa perte.
“Democracy is on the ballot. Your freedom is on the ballot.[1]”
C’est sur ces mots que Joe Biden avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2024. Persuadé d’incarner le rempart démocratique face à Donald Trump, il avait pour ambition, de briguer un second mandat, pour terminer le travail et empêcher le retour d’un président. Le vétéran démocrate a régulièrement mis en garde les électeurs américains des conséquences néfastes d’une réélection de Donald Trump, en allant jusqu’à comparer les éléments de langage du milliardaire à ceux utilisés en Allemagne nazie : “the same exact language used in Nazi Germany”. Cette rhétorique agressive vis-à-vis de son opposant politique est une manière de détourner les regards de son propre mandat, qui n’est pas catastrophique, mais loin d’être parfait et exempt de tous critiques. Entre crise migratoire, crise politique avec le Texas, les conséquences de la pandémie de la Covid-19 avec l’inflation, la guerre en Ukraine ainsi qu’en Israël, la dédollarisation mondiale, l’appauvrissement de la classe moyenne, les tensions avec la Chine au sujet de Taïwan, son mandat est marqué par une restructuration de l’ordre international, qui paraît inévitable mais, qui ne joue pas en faveur des États-Unis d’Amérique qui pourraient perdre leur influence hégémonique.
Finalement, Joe Biden n’aura pas réussi son pari puisqu’il s’est retiré le dimanche 21 juillet de la course à la Maison Blanche. Cette décision s’explique notamment par de mauvais sondages qui le plaçaient en mauvaises positions dans l’hypothèse d’un match retour contre Donald Trump. Ainsi, le débat télévisé du 27 juin affrontant les deux derniers présidents avait tourné à l’avantage de l’ex-locataire. Pire, le président des États-Unis apparaissait très fragile au point de faire naitre des doutes sur son état de santé, ce qui a suscité des interrogations dans son propre camp. De nombreuses figures démocrates ont ainsi poussé Joe Biden à laisser la place à sa Vice-Présidente Kamala Harris en raison : de mauvais sondages, de son âge, et d’un bilan jugé peu flatteur. Joe Biden, selon l’Institut Gallup[2], possédait de très mauvais sondages d’approbation, dans la dernière ligne droite avant une réélection. Seul Jimmy Carter, était dans une situation plus délicate que la sienne, avant qu’il ne soit battu par Ronald Reagan.
Ainsi, son bilan est sévèrement jugé, puisqu’en moyenne (liste des sondages recensés par RealClearPolitics[3]), seuls un peu plus de 20% des Américains estiment que le pays va dans la bonne direction contre plus des deux tiers qui pensent le contraire. De même, lorsqu’on interroge les Américains sur lequel des deux derniers présidents était le meilleur sur plusieurs thématiques, le jugement sur Joe Biden est sévère. Ainsi, on notait sur un sondage NBC News[4] un différentiel en faveur de Donald Trump très important sur : la sécurité des frontières (+35 points d’écart), santé physique et mentale pour être président (+23 points), l’économie (+22 points), être compétent et efficace (+16 points), place de l’Amérique dans le monde (+11 points), lutter contre la violence et les crimes (+21 points). Joe Biden l’emportait sur : la protection de la démocratie (+2 points), protéger le droit à l’avortement (+12 points) et ceux des migrants (+17 points). De plus, les Américains semblaient préférer les Républicains aux Démocrates pour régler les problématiques économiques ou encore de sécurité nationale selon un sondage effectué par l’Institut Gallup[5].
Lors de son discours du mercredi 24 juillet, expliquant les raisons de son retrait, Joe Biden a expliqué que « son bilan comme président, son leadership dans le monde, sa vision de l’Amérique, méritait un deuxième mandat ». Cependant, ce ne sont pas les raisons qui l’ont conduit à renoncer à une candidature mais le locataire de la Maison Blanche l’a fait pour « sauver la démocratie » même si cela doit être au détriment de « l’ambition personnelle » pour « passer le flambeau à une nouvelle génération ». À ce titre, Kamala Harris, favorite pour remporter l’investiture du parti démocrate va porter le bilan de cette présidence.
Ce bilan mérite d’être analysé plus en profondeur puisqu’il n’est pas si caricatural que ses partisans ou ses détracteurs puissent le démontrer. Si sur le plan de la politique internationale il a été en mesure de marquer un retour des États-Unis dans les affaires mondiales, il peine à convaincre les Américains de sa politique intérieure notamment sur le plan économique. De plus, nous pouvons affirmer que son ambition d’apaisement et d’unification du pays est un échec.
Par Sean SCULL, analyste du Millénaire
Pierre CLAIRE, directeur adjoint des études
William THAY, Président du Millénaire
Crédit photo : President Joe Biden, joined by Vice President Kamala Harris, after delivering remarks on the CDC’s updated guidances, U.S. Government, sous license CC0 1.0 UNIVERSAL, via Rawpixel.
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