Le fonctionnaire illustre le malaise français. Alors que le nombre de fonctionnaires a augmenté sans discontinuité depuis 1981, les Français se plaignent d’un manque de services publics. Ils sont de plus en plus imposés et taxés pour financer des dépenses de fonctionnement qui marchent de moins en moins bien. Comment expliquer ce phénomène ?
L’explosion du nombre de fonctionnaires
Le nombre de fonctionnaires a explosé depuis 1981 et l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir. En conséquence, le socialisme a organisé la prise de pouvoir de la bureaucratie, par le poids croissant des fonctionnaires et de l’État dans la maîtrise du pays. Leur nombre a augmenté de 43 % entre 1981 et 2021, alors que, dans le même temps, la population n’a augmenté que de 18 %.
Le fameux “manque de moyens”, les crises successives, les blocages des syndicats ont toujours été suivis d’une hausse des budgets et d’une explosion du nombre de fonctionnaires. Ce chiffre est passé de 3 950 000 en 1981 à 5 670 000 en 2021, les fonctionnaires représentent désormais 1 emploi sur 5 dans notre pays. C’est étonnant pour un pays en pleine dérive ultra-libérale …
Si la France était un pays normal et dirigé comme ses voisins, il faudrait retirer 2 millions de fonctionnaires. Autre anomalie, la France a plus de fonctionnaires que l’Allemagne alors qu’ils ont 15 millions d’habitants de plus que nous. Personne n’ira dire que l’État allemand fonctionne mal ou que ses performances sur plusieurs indicateurs ne sont pas meilleures que les nôtres comme dernièrement sur le classement PISA pour l’Éducation.
Hausse des moyens mais baisse des services publics
Pourtant, la crise des services publics est bien réelle. Les services publics de proximité disparaissent comme l’a montré la dernière crise des Gilets jaunes. Selon la DGOS, près de 25% des 680 services d’urgence sont à minima en situation de fermeture partielle dans plus de la moitié des départements. Ces fermetures concernent essentiellement les territoires ruraux qui se sentent également abandonnés, avec 57% de ses habitants qui ne sont pas satisfaits selon l’Ifop1.
Comment expliquer que malgré les hausses successives de budget et de recrutements à tour de bras, l’État soit aussi défaillant ? La hausse des effectifs n’a pas permis d’avoir une meilleure sécurité, santé et éducation ? Les 564 000 fonctionnaires territoriaux supplémentaires (+46% entre 1997 et 2022) n’ont pas enrayé les critiques sur la disparition des services publics dans les territoires périphériques ou ruraux.
La France dépense trop, mais surtout, elle dépense mal en gaspillant l’argent du contribuable. Cette mauvaise gestion porte des noms : la suradministration et la bureaucratie. Prenons des exemples. En santé, plus de 35 % des emplois à l’hôpital ne sont pas des soignants, contre 24% en Allemagne selon l’OCDE. Pire, on rajoute une couche d’administratifs avec les ARS qui nous coutent chaque année 1 milliard d’euros juste pour étouffer l’activité hospitalière. Dans l’Éducation nationale, en 2019, plus de 11 000 fonctionnaires étaient… en congés longue durée, soit plus de 1% des effectifs !
Les dépenses supplémentaires servent à masquer des échecs politiques sur le dos des contribuables. Or, on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. Rompons avec le dogme « du manque de moyens » pour s’interroger sur l’organisation de l’État voir du temps de travail réel des fonctionnaires. Pourquoi finalement, sur ces questions, le changement ne serait pas pour maintenant ?
William Thay, président du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques.
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Crédit photo : Pile of folders, via Pexels sous license CC0 Creative Commons
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