Par la voix du président de la République, la France reconnaîtra l’État de Palestine le 22 septembre 2025, à l’occasion de la 80ème Assemblée générale des Nations Unies présidée par la France. Cette déclaration d’Emmanuel Macron a ouvert une boîte de Pandore qu’il apparaît désormais impossible de refermer. Purement symbolique, cette déclaration visant à “apporter une contribution décisive à la paix au Proche-Orient » s’inscrit dans le sillage de la position qu’entretient de manière quasi-unanime la communauté internationale sur la nécessaire reconnaissance d’un État palestinien. Cette campagne médiatique et diplomatique internationale a pris une ampleur croissante depuis le début de la guerre à Gaza, déclarée à la suite des attaques terroristes perpétrées par le Hamas et d’autres factions palestiniennes armées le 7 octobre 2023.
Si la qualification de génocide à l’encontre de la population de l’enclave palestinienne ne peut juridiquement être retenue du fait de l’absence de l’élément d’intentionnalité, il n’en demeure pas moins que le sort terrible des civils palestiniens, pris en tenaille entre les bombardements israéliens et le Hamas qui n’hésite pas à les utiliser comme bouclier humain ou à réprimer tout embryon de contestation, donne à la situation un caractère d’urgence absolue. En ce sens, la décision du président de la République apparaît fondée mais repose davantage sur l’émotion qui, aussi légitime soit-elle, ne permettra pas d’obtenir l’assentiment de Tel Aviv et de Washington, les deux capitales sans lesquelles aucune avancée concrète ne sera possible dans ce dossier. En revanche, il est à noter que cette déclaration n’a pas été « inutile » ou « vaine » car elle a incité ou contraint d’autres pays comme le Royaume-Uni de Keir Starmer à avancer sur le sujet.
Néanmoins, sous peine de rester un vœu pieux, ce souhait de procéder “à la pleine reconnaissance de la Palestine comme État » doit s’accompagner d’un véritable plan proposant des solutions concrètes ayant vocation à traiter les questions sécuritaire (quid du Hamas et des autres factions ?), territoriale (quel territoire pour l’État palestinien ?), politique (qui pour gouverner cet État ?) ou encore financière (comment financer la reconstruction des territoires et doter l’État palestinien de ses premiers budgets ?) qu’un tel projet implique.
L’urgence de la situation place la communauté internationale dans la délicate situation de devoir prendre une décision aux conséquences qui seront déterminantes pour l’avenir de la Palestine, d’Israël, du Moyen-Orient mais aussi pour l’équilibre de toutes les sociétés que le conflit israélo-palestinien dans son ensemble, et la guerre entre Israël et le Hamas en particulier, polarisent parfois jusqu’à l’extrême comme en témoigne la montée de l’antisémitisme en Occident.
Tout d’abord, il est nécessaire de se demander pourquoi l’État de Palestine n’existe pas actuellement afin d’éviter de répéter les erreurs de l’histoire passée (I). Ensuite, il est évident que le drame qui se déroule actuellement dans la bande de Gaza ainsi que les tensions grandissantes en Cisjordanie font de la période un moment clef pour agir (II). Enfin, afin d’être pérenne et équitable, la reconnaissance officielle d’un État palestinien devra nécessairement passer par des compromis consentis par chacun des acteurs impliqués, sous peine de ne jamais dépasser le stade symbolique (III).
Par Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Etudes du Millénaire
Edouard Chaplault-Maestracci, Analyste international au Millénaire
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