Chronique de William Thay au Point : « L’encadrement des loyers, ou l’absurdistan d’Anne Hidalgo »

LA CHRONIQUE DE WILLIAM THAY. L’encadrement des loyers a été contreproductif puisqu’il a créé une pénurie de logements. Cette mesure n’a fait que des perdants.

Environ 10 000 Parisiens quittent la capitale chaque année. Alors que le coût du logement est cité comme le premier motif de départ, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé d’encadrer les loyers. Une fausse bonne idée qui contribue à rendre la situation pire que le mal qu’elle prétend combattre.

L’encadrement des loyers veut imposer un prix en considérant que le propriétaire, mauvais par nature, profite de la situation. Il est vrai que le logement pèse de plus en plus dans les dépenses des ménages. En cinquante ans, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), alors que les prix à la consommation ont été multipliés par 10, ceux des loyers ont été multipliés par 18.

Plutôt que de répondre à la cause du problème avec plus de locataires potentiels que de logements à louer, la mairie de Paris a décrété un encadrement des loyers, digne d’une économie administrée soviétique.

Le Conseil d’État a annulé l’arrêté d’encadrement des loyers du 28 mai 2019, basé sur la loi Elan, par une récente décision. En effet, il a estimé que les secteurs géographiques définis par l’arrêté ne constituaient pas des zones homogènes en termes de niveaux de loyers constatés, ce qui rendait l’encadrement des loyers non réglementaire, allant même jusqu’à ordonner le paiement d’une amende à la Ville.

Un non-sens économique

L’encadrement des loyers a été contreproductif puisqu’il a créé une pénurie de logements alors qu’il devait aider les locataires à se loger. La région parisienne souffre d’une crise du logement qui résulte d’une inadéquation entre la demande et l’offre de logements. Selon l’Agence départementale d’Information sur le Logement (ADIL) de Paris, il y a 3,5 millions de logements dans le Grand Paris pour 7,2 millions d’habitants, contre 2 millions de logements dans le Grand Berlin pour 3,4 millions d’habitants !

Avec l’encadrement des loyers, on a amplifié la crise du logement avec un nombre d’appartements à louer qui a baissé de 50 % en un an. Donc pour soulager les locataires, on a réduit le nombre de logements disponibles à la location…

Pourquoi l’encadrement des loyers ne crée-t-il que des perdants, que ce soit chez les propriétaires ou les locataires ? Pour les propriétaires, les rendements diminuent puisque les loyers progressent moins vite que le prix d’achat, les obligeant à aller chercher la rentabilité ailleurs (plus-value à la revente ou location saisonnière Airbnb). Pour les locataires, la mesure n’a pas enrayé le poids du loyer dans les dépenses contraintes, qui pèse toujours 35,8 % en 2021 pour un salaire médian de 2 600 euros à Paris.

À Paris, Anne Hidalgo a créé un nouvel absurdistan : une administration dirigiste voire soviétique qui veut soulager les locataires, mais qui leur rend la vie plus difficile que jamais. Bilan de l’encadrement des loyers : une ville vide, désertée par des locataires qui n’arrivent pas à trouver un logement, des propriétaires qui ne veulent plus louer avec 130 000 logements vacants. Merci Anne !

Par William Thay, Président du Millénaire et chroniqueur économique au Point

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Crédit Photo : Anne Hidalgo, via Wikimedia Commons sous licence CC BY 2.0

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