La stabilité ou l’instabilité politique est une des clés de la santé économique d’un pays. Alors que la France pouvait échapper à cette question, à la différence d’autres régimes parlementaires en Europe, les dernières élections législatives ont rebattu les cartes. Cette éventuelle instabilité politique s’ajouterait à une instabilité normative et fiscale préexistante, qui risquerait de créer des difficultés énormes pour nos acteurs économiques.
Une France protégée de l’instabilité politique
Le fait majoritaire a préservé la France de l’instabilité politique pendant près de 60 ans. Grâce au parlementarisme rationnalisé comme l’encadrement strict des motions de censure (art. 49-2 et 49-3) ainsi qu’au mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les chefs de Gouvernement ont toujours disposé de majorités solides même en cas de cohabitation (la plus petite étant les 240 députés de la coalition Ensemble en 2022-2024). Ainsi, même les cohabitations conflictuelles (Chirac en 1986-1988 ou Jospin en 2000-2002) sont marquées par une clarté sur la gestion de la politique économique qui est actée à Matignon.
Depuis la crise des dettes souveraines, les pays d’Europe du Sud ont vécu des phases d’instabilité politique amplifiant l’incapacité de leurs gouvernants à réformer. L’Italie a enchaîné gouvernement technique, d’union des populistes, et d’union nationale en 10 ans ; l’Espagne n’a pas eu de gouvernement entre janvier et mai 2016 et la Grèce a vu Tsípras gagner en 2015 avec une parenthèse de plusieurs mois sans gouvernement. Or, il s’agit des 4 pays les plus endettés de l’UE (Grèce 162% du PIB, Italie 137%, France 111% et Espagne 108%). La France est autant endettée qu’eux alors qu’elle était protégée de l’instabilité politique, qu’en sera-t-il maintenant que ce n’est plus le cas ?
Mais pas de l’instabilité normative et fiscale
La France souffre en revanche d’instabilité normative. A chaque alternance, nos gouvernants ont empilé les normes réglementaires. Selon le conseiller d’Etat Christophe Éoche-Duval, il y a 44 millions de mots en 2022 contre 22 millions en 2002, pour les seules normes produites à la suite de lois ou de règlements. Il faudrait aussi y ajouter celles produites par les autorités administratives indépendantes dont le nombre a augmenté, les services déconcentrés (ARS, préfectures, etc.) ou encore les collectivités territoriales.
De même, notre politique fiscale est illisible après une accumulation d’impôts. Il existe plus de 400 impôts et prélèvements, alors que huit rapportent 80 % des recettes : cotisations sociales, TVA, CSG, IS, IR, TICPE, CVAE et CFE. Cette instabilité normative et fiscale décourage les investisseurs étrangers et français qui ne peuvent pas s’inscrire sur le long terme pour développer une activité économique en France.
Une union nationale pour nos acteurs économiques
En entrant dans le camp des ingouvernables, la France inflige une double peine à ses acteurs économiques : un coût direct et un coût d’opportunité différé. D’une part, nous venons de perdre un trimestre de croissance, autant de richesses qui ne seront pas transformées en revenus pour l’Etat (moins de recettes fiscales), les entreprises (moins de ventes) et les ménages (ralentissement des salaires et des transferts sociaux). D’autre part, nous allons manquer des opportunités économiques alors que les Jeux Olympiques avaient pourtant renforcé notre attractivité.
Il faut donc décréter l’union nationale autour de nos acteurs économiques. Qu’importent nos désaccords politiques, nous devons tous les soutenir et rendre notre pays attractif pour le redresser.
William Thay, Président du think-tank gaulliste et indépendant Le Millénaire
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Crédit photo : Paris France – The Paris Bourse – Paris Historic Stock Exchange, Onasill – Bill Badzo, sous license Attribution-NonCommercial-ShareAlike 2.0 Generic.
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