La situation de nos finances publiques est tellement grave que nous assistons à un paradoxe. Michel Barnier s’apprête à faire voter le budget le plus rigoureux depuis 2011 avec 40 milliards d’euros d’économie. Seulement, malgré de telles réductions, nos dépenses publiques devraient progresser en 2025 (+2,5%). Instaurons alors une règle d’or budgétaire lutter contre cette addiction aux dépenses publiques maintenant le train de vie de l’État.
Toutes les dépenses ne sont pas mauvaises
La France est le champion du monde de la dépense publique. Selon l’OCDE, en 2023, elles représentent 57,3% de la richesse nationale française, soit 7,2 points de plus que la moyenne des pays de l’Union européenne. Une addiction qui représente près de 202 milliards d’euros, l’équivalent des budgets de l’Éducation nationale, de l’Intérieur, de la Justice, des Armées, de l’Écologie et du Logement additionnés.
Seulement, toutes les dépenses publiques ne sont pas mauvaises. D’un côté, les dépenses d’investissement finançant des projets qui génèrent des revenus à long terme permettent de stimuler la croissance économique grâce à la hausse de la productivité et de l’emploi, comme les infrastructures, la recherche ou le soutien à l’innovation. De l’autre côté, les dépenses de fonctionnement sont parfois improductives et ne stimulent pas la croissance économique, en ne contribuant ni à la consommation ni au potentiel de production.
Or, alors qu’elle dépense plus que les autres, la France dépense surtout mal. En effet, nous nous démarquons par une avance sur les dépenses de fonctionnement et un retard sur les dépenses d’investissement. A titre d’exemple, la France dépense autant que l’Allemagne pour la santé (environ 13% du PIB), mais dépense plus de deux fois moins dans les investissements numériques en santé (0,5% des dépenses de santé, contre 1,35% en Allemagne). Cette situation est malheureusement la norme comme l’illustre les dépenses en R&D : 2,1% du PIB en France en 2022 contre 3,13% pour l’Allemagne.
Une règle d’or budgétaire
La « règle d’or » de Tony Blair a sauvé l’économie britannique à la fin du XXème siècle. Elle a été introduite en 1998 au moment où le pays sort d’une décennie de croissance économique atone liée à un double phénomène : l’effet des politiques de Thatcher luttant contre l’inflation et le retrait du Royaume-Uni du mécanisme de taux de change (ERM) après le « Black Wednesday » en septembre 1992. Tony Blair hérite d’une croissance atone : +1,6% de croissance moyenne annuelle sur les 7 années précédant son arrivée en 1997 contre 3,3% sur les 7 années suivantes.
En effet, une règle d’or stipule que le gouvernement ne devait emprunter que pour financer des investissements à long terme et non pour financer les dépenses courantes de fonctionnement. Bien évidemment, cette règle concernerait les dépenses structurelles et non les dépenses conjoncturelles qui peuvent être nécessaires en cas de crise, comme dernièrement pendant la crise sanitaire. Cette règle visait avant à garantir que l’emprunt public soit utilisé de manière productive, pour générer des retours économiques futurs, tout en évitant d’accroître la dette pour financer des dépenses de fonctionnement.
Introduire une règle d’or permet de cibler les dépenses improductives. Il s’agit en somme de dépenser mieux afin de se concentrer sur les missions essentielles de l’État et éviter les dépenses superflues. Il est ainsi possible de sortir par le haut de cette crise budgétaire qui dure depuis longtemps puisque l’État n’a pas adopté un budget en équilibre depuis 1974 en rompant avec 40 années d’addiction aux déficits publics pour enfin retrouver la maîtrise de notre destin.
William Thay, Président du think-tank Le Millénaire, co-auteur d’une note sur « Budget 2025, mission impossible »
Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Études Le Millénaire, co-auteur d’une note sur « Budget 2025, mission impossible »
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Crédit Photo : Image Déesse de la Justice par Pixel2013 via Pixabay sous Pixabay License
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