Vers une nouvelle révolte fiscale ?

Devenues le nouveau Tiers-État de la société occidentale mondialisée, les classes moyennes assument, en France, la majorité des revenus de l’État.  Alors que 1 Français sur 2 est assujetti à l’impôt sur le revenu, le sentiment de « payer pour tout le monde sans n’avoir rien en retour » s’est largement installé dans les classes moyennes. Il est à l’origine d’un sentiment mêlant désenchantement et crainte du déclassement dans un contexte d’ascenseur social en panne. Les classes moyennes craignent d’être à nouveau confrontées à la pauvreté ou de voir leur descendance l’être. Ce sentiment de déclassement s’est pleinement exprimé dans le cadre du mouvement de révolte fiscale des Gilets Jaunes. 

Il faut 6 générations pour sortir de la pauvreté selon une étude de l’OCDE. Autrement dit, 180 années sont nécessaires à une famille issue des catégories sociales populaires pour atteindre le niveau de revenu moyen, en somme les classes moyennes. Or, il ne faut que 2 ou 3 générations dans les pays du Nord (Danemark, Suède, Norvège, Finlande) pour atteindre les classes moyennes. Ces pays dépensent en moyenne 8,5% en santé et en moyenne 7% dans l’éducation et sont ceux dépensant le plus. Avec pour l’année 2024, des dépenses en santé de 8,5%[1] et 6,5% de dépenses en éducation[2], il ne devrait donc falloir que 2 ou 3 générations pour sortir de la pauvreté en France. Pour autant, ce n’est pas le cas. Cela pose donc la question suivante : pourquoi la France qui dépense autant que les meilleurs pays de l’OCDE obtient des résultats aussi mauvais par rapport à ses voisins ? Une autre manière de poser la question est : qu’est-ce que l’État fait de l’argent du contribuable ? 

C’est cela la « Révolte Fiscale ». En effet, les classes moyennes paient pour tous et ne reçoivent rien en retour et voient les services publics se dégrader. De plus, elles sont devenues inatteignables pour de nombreuses familles françaises, notre modèle ne permettant plus, ni d’enrayer la montée de la pauvreté, ni de permettre aux pauvres d’en sortir. Dans La France sous nos yeux, Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely qualifient cette dynamique de démoyennisation par le bas, entendue comme « la France de la débrouille » et du discount que la crise sanitaire a révélé au grand jour. 

Désormais, la paupérisation affecte à la fois les classes populaires et les classes moyennes, grandes oubliées de l’État-providence, un phénomène accéléré par l’inflation galopante. Cet ensemble de phénomènes couplés à la crise de l’efficacité de l’État rappellent l’histoire française des révoltes fiscales. 

Il convient de revenir sur l’histoire des révoltes fiscales en France (I), les enjeux et les facteurs de la révolte fiscale à l’œuvre avec le mouvement du 10 septembre « Bloquons tout » (II), et enfin d’en identifier les conséquences politiques quelques mois avant la prochaine élection présidentielle (III).

Par William Thay, Président du Millénaire

Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Etudes du Millénaire

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Crédit photo : 2019-01-19 14-06-10 manif-GJ-BelfortThomas Bresson, via Wikimedia Commons, sous licence CC BY 4.0.

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