SNCF : une déroute française

La SNCF est une déroute française. A partir de 1982, date de la nationalisation totale, nous avons progressivement transformé un fleuron industriel capable d’innover (électrification des lignes dans les années 1970 ou encore le TGV) en entreprise en déclin subventionnée par l’État au profit de quelques privilégiés qui maintiennent leurs avantages en prenant en otage chaque année les Français. 

Le fonctionnement archaïque entrave l’innovation, dégrade la compétitivité et donc la santé financière de l’entreprise à court et long terme. A court terme, car ils font supporter un cumul de charges chaque année de 30% supérieur aux concurrents européens notamment Deutsche Bahn en Allemagne et Trenitalia en Italie. A long terme, car ils brident les capacités de l’entreprise investir dans l’avenir en privant l’entreprise de marges manœuvre budgétaires, alors même que le marché est en passe de s’ouvrir à la concurrence européenne.

En 2022, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 41,4 milliards d’euros, mais ce résultat s’accompagne d’un coût astronomique pour les Français. Entre une dette reprise par l’État atteignant 35 milliards d’euros et des subventions annuelles pour les TER de 5,6 milliards d’euros, la facture est lourde pour les contribuables. Or, on ne peut pas punir les Français utilisant la voiture ou l’avion et leur reprocher de ne pas prendre le trainmoins polluant, tout en maintenant un service aussi dégradé et aussi cher. A l’exception de l’exemple britannique dont la gestion de la privatisation a été un désastre et de l’exemple espagnol dont les investissements ferroviaires sont subventionnés à 40% par l’Union européenne au titre de la politique de cohésion, le modèle français ne fonctionne pas bien : nous investissons moins dans nos infrastructures ou dans l’innovation que les modèles allemand ou italien alors que nous dépensons autant par habitant.Pourquoi un tel écart ? Où part notre argent à la SNCF ?

Par Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Études du Millénaire

William Thay, Président du Millénaire

Crédit photo : SNCF 82 & SNCF 542, Alf van Beem, via Wikimedia Commons, sous license CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication

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