L’indignation du ministre de l’Intérieur et sa volonté de dissoudre Génération identitaire contraste avec la mansuétude dont bénéficie un certain nombre de groupes d’extrême gauche, dont les actions sont plus violentes. Gérald Darmanin montre ainsi qu’il est fort avec les faibles et faible contre les forts surtout s’ils bénéficient du soutien d’une partie des médias.
Un deux poids deux mesures par rapport aux antifascistes
Nous assistons à un deux poids deux mesures en fonction de l’idéologie des actions politiques. L’action de Génération identitaire s’est déroulée dans le calme et n’a été accompagnée ni de dégradations ni de violence à l’encontre des forces de l’ordre. Il est difficile d’en dire autant des actions menées par la mouvance marxiste qui se constitue en black blocks dans la plupart des manifestations qui se sont déroulées ces dernières années. S’il est vrai que ces groupes sont moins organisés que Génération identitaire, ils demeurent qu’ils sont parfois organisés en association, et toujours soutenu par des groupes qui le sont également. La différence de réaction de l’autorité publique soulève des interrogations. Chacun mesure que l’émotion médiatique aurait été immense si des bandes d’extrême droite avaient saccagé la place de la Bastille plusieurs fois durant l’Automne.
Dans le contexte de ces groupes très violents qui s’attaquent aux symboles de l’État et aux forces de l’ordre, le manque de proportionnalité d’une dissolution de Génération identitaire pose un problème. Rappelons que la procédure de dissolution d’une association en conseil des ministres est rarissime et que les motifs d’une telle décision sont de l’ordre de la constitution de milice privée, de la préparation d’attaques terroristes ou d’une atteinte à la sûreté de l’État. En dernier lieu une dissolution pour le motif de l’incitation à la haine, avant que l’autorité judiciaire ne se soit prononcée sur l’enquête ouverte contre Génération Identitaire, ouvrirait la voie à une pénalisation de la critique de l’immigration et pourrait être contraire à la liberté d’expression, un droit fondamental en démocratie.
L’autorité de l’Etat ne saurait être instrumentalisée pour des raisons politiques
La différence de traitement entre d’un côté Génération identitaire et de l’autre côté les antifascistes, les islamistes et les racialistes comme la ligue de Défense noir africaine démontrent l’idéologie réelle d’Emmanuel Macron. En effet, ce dernier se rapproche davantage des démocrates américains comme Joe Biden dans sa vision de la société plutôt qu’un président de droite. Le président de la République, par ses différentes prises de positions, s’inscrit dans une idéologie progressiste et multiculturaliste importée des États-Unis plus en phase avec les manifestations pour les Traoré que la défense des forces de l’ordre. Dans ce choix de société, il ne peut y avoir de « en même temps » qui démontre ses limites à l’épreuve du réel.
Seulement, sa tactique électorale entre en contradiction avec l’État de droit que prétend défendre la majorité présidentielle. La dissolution au motif d’incitation à la haine est un délit grave reviendrait à limiter la liberté d’expression dans le débat public et choisir les sujets qui sont abordables. Une telle décision reviendrait ainsi à consacrer définitivement le politiquement correct comme norme, imposable à tous les citoyens sous peine de sanction pénale. Au contraire, en droit, la caractérisation d’incitation à la haine doit être rigoureuse, et qui ne peut être invoquée comme la fait SOS Racisme, au seul motif d’une critique de l’immigration clandestine.
En finir avec le jugement à géométrie variable au profit de la gauche
Nous devons en finir avec ce deux poids deux mesures où l’on distingue une association selon sa sensibilité politique. Lorsqu’une association illégale est d’une sensibilité de gauche, elle bénéficie en effet d’une clémence médiatique, politique et juridique alors que dans l’autre sens une association de sensibilité de droite bénéficie plutôt d’un traitement inverse. En effet, comment expliquer que les antifas et black blocks ne soient toujours pas qualifiés de terroristes après leurs exactions à chaque manifestation ? Plusieurs associations comme la Ligue de défense noire africaine pourrait subir une telle dissolution, mais nous subissons dans ces cas d’un silence des pouvoirs publics.
Si nous souhaitons véritablement respecter l’État de droit, alors nous devrions uniquement appliquer le droit sans jugement à géométrie variable selon la sensibilité politique de l’association. Dans le cas de Génération identitaire, la dernière procédure judiciaire a mené à la relaxe des militants identitaires pour leur opération dans les Alpes. Le ministre de l’Intérieur devrait plutôt se concentrer à faire appliquer la loi comme sa mission l’exige, plutôt que de se soumettre constamment à la gauche. En effet, à chaque polémique, Gérard Darmanin a décidé de plaire aux médias et intellectuels de gauche par conformisme comme lors de l’évacuation des migrants à place de la République à titre d’illustration.
En s’attaquant à des poseurs de banderole quelques semaines après le saccage de la place de la Bastille, Gérald Darmanin montre qu’il est fort avec l’extrême droite et faible avec l’extrême gauche, bien loin de la hauteur de vue que lui impose sa fonction. En choisissant cette voie, le ministre de l’Intérieur préfère choisir la solution de facilité plutôt que de mener les véritables combats nécessaires pour rétablir l’autorité de l’État.
Par William Thay, Président du Millénaire
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Crédit Photo : Gérald Darmanin par Jacques Paquier sous licence CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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