À l’approche du Super Tuesday, les premiers scrutins de la primaire républicaine de 2024 sont venus confirmer les récents sondages. Nous assistons à une domination de Donald Trump sur le parti républicain. Il a notamment gagné dans tous les États sauf à Washington D.C avec des marges très importantes. Pourtant, Nikki Haley se dresse encore face à lui et n’a pas encore abandonné. Ainsi, si elle ne se retire pas, quand est-ce que Donald Trump va remporter la primaire et être investi candidat des républicains pour la troisième fois consécutive ?
Trump dominant et triomphant lors de la Primaire
Depuis les élections de mi-mandat de 2022, un doute existait au sein du parti républicain concernant la capacité de l’ancien président à mener son camp à la victoire. Beaucoup pensaient Donald Trump mort politiquement et pensaient que le moment été venu pour un changement avec l’émergence de nouvelles têtes et un retour aux fondamentaux du parti républicain.
Pourtant, son triomphe lors des premières élections de la primaire vient confirmer ce que de nombreux sondages semblaient indiquer en 2023, c’est à dire que le Great Old Party lui est idéologiquement acquis. Donald Trump a bien compris qu’il bénéficie d’une base électorale très mobilisée et qui lui est fidèle. Le cœur de son électorat est composé d’une population rurale, blanche et religieuse qui perçoit Trump comme le sauveur de l’Amérique. Sa force réside dans le fait qu’il réussit à parler à cette Amérique oubliée qui ne se sentait plus représentée par les ténors du parti républicain et qui voulait du changement.
Jamais avant lui un candidat à l’investiture d’un des grands partis, hors président sortant, n’avait autant dominé une primaire. Dire qu’il marche sur la primaire républicaine ressemble à un euphémisme puisqu’il a remporté tous les primaires exceptés celle à Washington D.C. Le Super Tuesday devrait confirmer cette domination et presque tous les candidats qui se dressaient contre lui au début de l’année ont jeté l’éponge et décidé de le rejoindre. À titre de comparaison, en 2016, Trump avait dû batailler avec Ted Cruz pour l’investiture du GOP et malgré sa large victoire, il lui avait concédé certains états.
Mais cette primaire qui dure est un fardeau pour lui
Malgré ces succès électoraux, Trump n’avait pas anticipé la résistance de son ancienne ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley. Cette dernière cherche à exister dans cette primaire pour incarner l’avenir du parti et ainsi se placer pour les élections à venir. À la différence des autres candidats comme Ron De Santis, Vivek Ramaswamy ou Chris Christie, Nikki Haley n’a pas l’intention de jeter l’éponge rapidement. Si elle est consciente qu’elle ne pourra pas empêcher la victoire finale de Trump, elle veut se démarquer des « autres », ceux qui ont choisi de prêter allégeance à l’ancien président. Cette opposition au sein du parti est mauvaise pour le magnat de l’immobilier car elle le force à multiplier les attaques et à dépenser l’argent qu’il doit déjà alloué à ses importants frais de défense judiciaire. Ces affaires lui prennent de l’énergie, du temps et de l’argent, et surtout le pousse à se révéler et être sur l’offensive, un caillou dans la chaussure de celui qui comptait rassembler au sein du parti et économiser ses forces.
La primaire républicaine ne devait être qu’une promenade de santé pour lui et il voulait rentrer en campagne le plus rapidement possible pour s’attaquer rapidement à Joe Biden et à son bilan. Ce dernier est une cible facile pour Trump, alors qu’il est incapable de défendre son bilan qui n’est pas catastrophique mais que les Américains dénigrent. Il n’arrive pas à décoller dans les sondages et une étude récente menée par NBC News montre que les électeurs jugent Trump comme plus apte à gérer les dossiers migratoires, économiques ou la délinquance, des thèmes qui s’annoncent comme majeurs en vue de l’élection de novembre. Joe Biden est également critiqué pour son grand âge et ses capacités cognitives douteuses, ce qui inquiète les Américains et peut sembler paradoxal sachant que Trump n’a que 4 ans de moins que lui, mais arrive à convaincre davantage d’Américains.
Plusieurs questions demeurent malgré tout
La victoire de Donald Trump lors de la primaire républicaine semble actée et on ne se demande pas s’il va la remporter, mais quand il le fera. La prochaine grande confrontation aura lieu lors du Super Tuesday où 15 États vont s’exprimer parmi lesquels le Texas ou la Californie. Lors de la journée du mardi 5 mars, près d’un tiers des délégués vont être alloués (865 sur les 2429 délégués). Les intentions de votes, les résultats précédents et la dynamique de la campagne indiquent que Donald Trump pourrait effectuer un grand chelem en remportant tous les États. Cela permettrait à l’ancien président de se rapprocher de l’obtention des 1215 délégués nécessaires pour être investi officiellement candidat des Républicains pour la troisième fois consécutive.
Nous avons deux grandes options : soit Nikki Haley abandonne soit Donald Trump doit obtenir les délégués nécessaires pour l’emporter. Dans la première hypothèse, cela présuppose qu’à la suite d’une défaite annoncée lors du Super Tuesday, l’ancienne représentante ne possède plus les moyens de continuer la campagne. En effet, elle a annoncé récemment qu’elle souhaitait aller jusqu’au bout. Cependant, ses donateurs et ses soutiens pourraient l’inciter à stopper son aventure. Dans la seconde hypothèse, Donald Trump s’approche des 1215 délégués nécessaires avec une grande victoire lors du Super Tuesday mais ne les obtient officiellement que le 12 ou 19 mars. Lors de ces dates, des États importants comme la Floride ou l’Ohio devraient consacrer définitivement l’ancien président.
Les primaires ont consacré la domination de Donald Trump sur le parti républicain. Toutefois, ce que l’on voyait comme une force, peut se retourner contre lui. En effet, la candidature de Donald Trump pose des problèmes au parti républicain, dans la mesure où il est perçu comme trop extrême et clivant, car il doit se montrer dur face à Haley. Cela risque de lui compliquer la tâche et l’empêcher de rassembler et brasser un électorat plus large, notamment dans l’optique de séduire les modérés ou autres déçus de Biden. Toutefois, la journée du Super Tuesday devrait consacrer Donald Trump comme le champion des Républicains et le favori de la prochaine élection présidentielle.
Pierre Clairé, Directeur adjoint des Études du Millénaire, think-tank gaulliste et indépendant spécialisé sur les politiques publiques et spécialiste des questions internationales et européennes.
Sean Scull, analyste au Millénaire sur les questions internationales
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Crédit photo : Donald Trump (51336034159) sous license Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic.
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