Emmanuel Macron se rend en Chine du 5 avril au 7 avril. Pour cette visite, il a fait le choix d’être accompagné par Ursula vonan der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Affaibli sur la scène nationale, Emmanuel Macron entend renouer les liens diplomatiques avec la Chine et son leader Xi Jinping tout en souhaitant redonner un élan aux entreprises françaises fragilisées par la reprise chinoise.
Devant ces défis et une menace chinoise de plus en plus présente, il parait plus que probable que l’ordre international sera modifié dans les prochaines années. La Chine, par l’intermédiaire de son président, a affirmé sa volonté de jouer un autre rôle pour accomplir le « rêve chinois » afin de tirer son épingle du jeu pour renouer avec son passé glorieux et sa grandeur perdue.
Xi Jinping a toujours déclaré vouloir démarrer une troisième phase de la Chine Communiste, après la première incarnée par Mao Zedong et la deuxième de Deng Xiaoping marquée par l’ouverture et le rattrapage économique. Son objectif est clair : capitaliser sur les succès obtenus après les deux premières phases pour affirmer la Chine sur la scène internationale. À la différence de Deng, il considère que la domination de la Chine ne passera pas uniquement par le rayonnement économique qui a été amorcée depuis 1978, mais que la domination du modèle politique et l’influence géopolitique chinoise joueront un rôle capital. Ainsi, si l’objectif n’était pas affiché par les dirigeants chinois à partir de Deng Xiaoping, il l’est clairement désormais : faire de la Chine, la première puissance mondiale d’ici 2049 sur tous les plans afin de concurrencer les États-Unis.
L’idée partagée par de nombreux dirigeants communistes chinois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale est la même : permettre le retour de la Grande Chine et laver l’affront occidental du siècle perdu. Dans cette optique, Mao a insisté sur la connaissance par les petits chinois du sac du palais d’été pour que jamais cette humiliation ne soit oubliée. Même si tout cela a été passé relativement sous silence sous Deng Xiaoping, Jiang Zemin ou Hu Jintao, ils n’ont jamais voulu remettre en question la spécificité politique chinoise malgré l’ouverture économique. Avec Xi Jinping, nous sommes clairement revenus à une opposition frontale avec l’Occident et l’envie de restaurer la grandeur chinoise.
La visite de Xi Jinping en France s’inscrit dans ce contexte qui offre l’opportunité à Emmanuel Macron de défendre la voix de la France sur trois sujets :
– Les intérêts commerciaux en ciblant 3 secteurs clés (agriculture, luxe/cosmétique et industries vertes) pour poursuivre notre relation commerciale avec la Chine, mais en même temps rompre avec la dépendance et limiter les pratiques de dumping de la Chine
– La fin des conflits notamment la Guerre en Ukraine pour éviter un axe trop rapproché entre la Russie et la Chine afin de conduire Vladimir Poutine d’entamer un processus de paix ou pour cesser le conflit ainsi que la guerre entre Israël et le Hamas
– La rivalité entre la Chine et les États-Unis qui mettent la France et l’Europe face à un choix stratégique : choisir son intérêt économique et commercial avec la Chine, choisir les valeurs et l’allié traditionnel avec les États-Unis ou une indépendance pour dresser son propre chemin.
Par William Thay, Président du Millénaire
Pierre Clairé, Directeur adjoint des Etudes du Millénaire
Crédit photo : Emmanuel Macron, via Twitter sous license CC by 2.0
Emmanuel Macron, via Flickr sous licence CC by 2.
Xi Jinping, par Officia do Palácio do Planalto, sous licence CC BY 2.0,
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