Faire de la France une Nation de savants

La France, grande nation scientifique, n’a pas été capable de produire son propre vaccin, cet événement symbolise notre déclin en la matière, soulignent William Thay et Clément Perrin. Le monde va entrer dans une course au progrès scientifique et technologique que la France peut gagner en se fixant une nouvelle vision.

La course au progrès technologique et scientifique sera, au cours des prochaines décennies, une des clés de la compétition mondiale en conférant des avantages économiques, politiques et militaires aux nations et organisations bénéficiaires.

Dans cette course, la France souffre d’une absence de vision et d’une perte de rayonnement. La France doit redevenir le centre du monde scientifique et technologique en se fixant un nouvel horizon : devenir une nation de savant.

La France au 9e rang mondial
Le recul de la recherche sur la scène internationale s’illustre par l’inefficacité de l’allocation des moyens au regard des résultats. La France se positionne aujourd’hui au neuvième rang mondial en matière de publications scientifiques. En 2005, la part des publications françaises dans le monde était de 4,2 %, contre 2,8 % en 2018.

En 1995, les Français représentaient 8,1 % des demandes mondiales de brevets contre 6,2 % en 2018. Pourtant dans le même temps, la France est le deuxième pays du G20 avec le plus de chercheurs ramenés au nombre d’actifs, avec 11,05 pour 1000 en 2019, derrière la Corée avec 15,88 pour 1.000.

Le crédit d’impôt recherche est au coeur du financement de la recherche française, mais les résultats sont insuffisants comparativement aux moyens alloués. Selon l’OCDE, si le CIR finançait près de 20 % de l’effort de R&D des entreprises françaises, la recherche et développement est plus importante dans certains pays comparables alors que les dépenses publiques y sont moindres.

Freins à l’attractivité
En Allemagne, les aides gouvernementales directes et incitations fiscales à la R&D des entreprises représentent 0,066 % du PIB et pourtant les entreprises investissent 2 % du PIB en R&D soit, +0,5 % d’écart de PIB avec la France.

L’activité́ de recherche en France pâtit de carrières peu attractives sur le plan des rémunérations et des perspectives d’évolution, mais aussi de conditions de travail de plus en plus dégradées dans le secteur public. Les tâches administratives qui occupent désormais une partie considérable du temps des enseignants-chercheurs sont l’une des causes de nos difficultés.

De plus la structure même de l’évolution des carrières des chercheurs, par leurs statuts fonctionnarisés, est un frein à l’attractivité des carrières. Alors que l’ensemble de la communauté scientifique internationale voit sa rémunération indexée sur les publications et le nombre de citations issues de ces dernières, les chercheurs français voient leur progression attribuée uniquement à leur ancienneté.

Les chercheurs ne restent pas en France
Les études supérieures scientifiques françaises sont assez attractives à l’international, mais plus tard dans leurs carrières. Les chercheurs de nationalité étrangère, qui formés et financés par la France pour leurs thèses, ne restent pas en France pour s’y établir et mener leurs travaux académiques.

En effet, les étudiants étrangers représentent en moyenne 40 % des étudiants en programmes doctorants, alors qu’au sein au sein des établissements publics (EPSCP et organismes), ils représentent moins de 20 % des jeunes chercheurs permanents recrutés en 2018.

Bataille de l’innovation
Nous proposons de faire de la France une nation de savants en agissant sur 4 priorités : premièrement, une nouvelle vision pour faire de la France, une nation de savants, avec un objectif de dépense en R&D par rapport au PIB ainsi qu’un commissariat au plan capable à la fois d’identifier les priorités nationales du futur et également soutenir le développement des technologies de rupture. Deuxièmement, gagner la bataille de l’innovation, en utilisant mieux nos moyens tels que l’allocation de notre DIRD et de notre CIR et en rendant plus attractifs nos programmes d’innovation.

Troisièmement, gagner la guerre des cerveaux, en attirant les meilleurs talents mondiaux grâce à quatre leviers : de meilleures possibilités d’emploi, de meilleures perspectives de carrière, un meilleur accès aux technologies de pointe et de meilleures installations de recherche.

Berceau de la méthode scientifique
Rêver avec de grands projets, en réinstaurant une politique de grands projets scientifiques. Pour cela, l’Europe peut être utile, mais une Europe à la carte, avec des pays se groupant autour de projets de recherche communs en fonction de leurs intérêts réciproques tels que l’aviation supersonique, l’éradication des maladies génétiques ou encore la maîtrise de la fusion nucléaire.

Pays des Lumières, la France est une civilisation technologique et un berceau de la méthode scientifique et des progrès techniques ayant donné naissance aux grands progrès de l’Humanité.

En faisant émerger une véritable vision française du progrès scientifique et technologique, la France pourra à nouveau se projeter vers l’avenir pour gagner la course du progrès qui est une des clés de la compétition mondiale. Cette course au progrès doit nous permettre de répondre aux défis, d’assurer la prospérité du continent et de faire émerger un modèle singulier pour restaurer notre fierté d’être français

Par William Thay, président du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques,
et Clément Perrin, Directeur des Études du Millénaire

Pour nous aider à faire de la France une nation de savant ou nous rejoindre pour rendre sa grandeur à la France

Crédit Photo : Bouteille en verre, par Rodnae Production sous licence libre via Pexels

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.