Pour une nouvelle stratégie française de la recherche et de l’innovation afin de gagner la course technologique
Dès les années 1980, les Français pouvaient accéder à leur banque, réserver des voyages ou effectuer des démarches administratives en ligne. Alors que toutes ces activités étaient devenues évidentes pour des millions de Français, seul un nombre restreint de militaires et de scientifiques de haut niveau avaient accès à des technologies comparables aux Etats-Unis. Issu d’un programme gouvernemental né pour moderniser le système de télécommunication du pays, le projet du Minitel avait été porté par l’entreprise publique « France Telecom », chargée alors de distribuer gratuitement un exemplaire à chaque foyer du pays. Cependant, le produit ne s’est jamais répandu au-delà de nos frontières, à l’exception de la Belgique. De plus, conçu comme une interface graphique du réseau téléphonique, le Minitel aura été rapidement remplacé, même en France, par le World Wide Web, invention du professeur britannique expatrié aux États-Unis, Tim Bernars-Lee.
Il a été soutenu par Hugh Schofield (journaliste à la BBC) que l’effondrement du Minitel, notamment en raison de leur incapacité à l’exporter, était imputable aux directeurs seuls de France Télécom, pour des principes commerciaux qui leur étaient propres. Cependant, il est également courant d’affirmer que le gouvernement français avait délibérément arrêté son conseil de recherche en informatique soutenu par l’État, convaincu d’avoir atteint le monopole du marché. Il semble donc que l’absence de politique d’orientation de la recherche ait été à l’origine de l’incapacité de la France à rester un concurrent crédible des technologies de l’information américaines, et non l’inverse. En effet, lorsque le même gouvernement français a persisté dans l’orientation de certaines technologies spécifiques, des champions industriels sont nés. C’est le cas dans l’aviation, avec le Concorde ou Airbus, aujourd’hui premier constructeur d’avions mondial, des trains à grande vitesse, ou plus généralement des institutions scientifiques, comme le Centre national de la recherche scientifique, le CNRS, 6ème producteur de brevets en France, et 4ème éditeur d’articles scientifiques mondial en 2020. On peut également citer le Centre de recherche atomique, CEA, premier producteur européen de brevets.
Nous devons ces succès, les derniers qui fassent encore plusieurs décennies après la fierté économique de le France, aux mesures mises en place par le Général de Gaulle. La débâcle française de 1940 face à une armée allemande motorisée et aérienne aura fait prendre conscience de l’importance de la technologie et de l’innovation en matière de défense et d’intérêts nationaux. La victoire américaine sur le Japon par l’utilisation d’armes atomiques aura fini par imposer pleinement cette nécessité. Animé par l’idée de l’indépendance national, le Général de Gaulle s’empresse de poser les bases en 1945 du CEA et du CNRS. Le premier a alors comme objectif de donner une indépendance en matière d’énergie et de défense nucléaire. Le second a vocation à centraliser la recherche fondamentale et à être le lieu de sa coordination afin d’anticiper les futurs intérêts de la nation. En revenant au pouvoir en 1958, De Gaulle finit d’instaurer un mode d’évaluation de la recherche scientifique qui incombe au politique, celui-ci après consultation d’un comité d’experts, étant le dernier à trancher.
Comment la France a-t-elle dès lors perdu son statut de grande puissance scientifique, maintenant loin derrière ses voisins Allemands, Anglais et plus encore les Américains ou les pays d’Asie ? Nous tâcherons d’établir un état des lieux de la recherche française, et de brosser un portrait des mesures politiques prises depuis la présidence du Général de Gaulle. Cela nous conduira à établir les défauts dont la France pâtie en matière de recherche et nous permettra alors d’établir des propositions afin de redonner à la France sa grandeur et son rayonnement scientifiques et techniques. Notre objectif de faire de la France, une nation de savants est d’autant plus impératif que le monde est entrée dans une phase de progrès de plus en plus rapide et que les États sont en concurrence pour obtenir un avantage comparatif.
Par William Thay, président du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques,
Clément Perrin, Directeur des Études du Millénaire
et Sacha Maire, analyste du Millénaire.
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Crédit Photo : Bouteille en verre, par Rodnae Production sous licence libre via Pexels
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