Argentine : Pourquoi Javier Milei gagne ?

Au commencement, il y a une promesse :  sortir de la décadence, en en finissant avec les pratiques du passé. L’Argentine a cru qu’un outsider pouvait tordre la trajectoire d’un pays habitué aux crises récurrentes et à l’inflation comme culture. Le choc a eu lieu, mais il n’a pas été celui qu’on imagina. À la place d’un big bang fondateur, le pays a découvert une stabilisation sous surveillance, une orthodoxie budgétaire sans majorité, et une révolution par décrets aussitôt rattrapée par la logique institutionnelle : congrès fragmenté, corporatismes ancrés, gouverneurs faiseurs de rois.

Ce rapport part de cette évidence : alors que les promesses étaient grandes, et que Milei semblait parvenir à ses fins au début de son mandat, il fut rattrapé par la dure réalité argentine. Milei est entré au pouvoir sans appareil et sans coalition ; il a rencontré la friction des réalités et a pu voir que tout n’était pas aussi simple que prévu tant sur le front macroéconomique malgré une embellie au début de son mandat que sur le font social eu égard aux conséquences de sa politique libérale. 

Si Javier Milei est en difficulté dans les sondages avant le scrutin, il reste en dynamique, notamment car il part de loin.  La promesse de rupture a ouvert une brèche, mais faute d’assise parlementaire, avec des coalitions et un plan définit, elle aura été une étincelle et surtout elle a contribué à canaliser l’énergie d’un président argentin jugé « brutal ».Si Javier Milei ne partait pas favori dans les sondages, notamment en raison d’une défaite lors d’une dernière élection locale, il s’avère que le président argentin dispose de 4 atouts avant le scrutin : un bilan macro-économique qui n’est pas mauvais (1) ; un respect des promesses données en 2023 dans un pays où la parole publique compte (2) ; une absence de majorité absolue qui contraint et rend « acceptable » sa révolution afueriste (3) ; et une cote d’opinion « très défavorable » relativement faible pouvant engendrer une sous-mobilisation des électeurs de gauche alors que le FP a fait campagne contre la personne du Président (4).

Par Pierre Clairé, Directeur adjoint des Etudes du Millénaire, spécialiste des questions internationales et européennes

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Crédit photo : Javier Milei will Argentinien mit massiven Deregulierungen aus der Krise ziehen, de EMILIANO LASALVIA, via Heute, sous licence CC BY 4.0.

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