L’écologie de classe traduit des politiques conçues par et pour les privilégiés, alors que dans la France devrait s’engager dans une transition énergétique populaire et souveraine.
La crise politique ne masque pas les difficultés françaises et va peut-être les accentuer. La nouvelle ministre de la Transition énergétique, Monique Barbut, alors présidente de WWF, affirmait que le nucléaire ne représente pas « une source énergétique durable de long terme » et intentait des actions en justice contre sa classification dans la taxonomie verte de l’UE. Cette nomination va s’inscrire dans la tradition de la transition énergétique à la française qui repose sur des discours lénifiants sur la « transition juste », une écologie punitive qui fait reposer les coûts colossaux de la décarbonation sur les mêmes. Cette injustice explique l’essoufflement de l’adhésion populaire aux politiques climatiques.
Une transition à deux vitesses : l’élite urbaine contre les classes populaires
La fiscalité carbone française révèle son caractère profondément régressif. La TICPE représente 16 milliards d’euros annuels, frappant les « gueux » contraints aux énergies fossiles dans les territoires ruraux et périurbains. Ces populations supportent une facture énergétique de 2 050 euros par an, en forte hausse depuis trois ans. Les Zones à Faibles Émissions illustrent cette logique d’exclusion sociale. Elles pénalisent les habitants périurbains et ruraux dépendants de leur véhicule pour accéder aux centres urbains. Artisans, ouvriers et retraités modestes se voient interdits d’accès aux cœurs d’agglomération, créant un apartheid social territorial.
L’écologie de classe traduit des politiques conçues par et pour les privilégiés. MaPrimeRénov bénéficie disproportionnellement aux propriétaires urbains ayant les moyens d’avancer les frais, tandis que 73% des bénéficiaires ont plus de 55 ans. Les jeunes locataires n’ont accès qu’à des aides marginales. Cette injustice se double d’une précarité énergétique explosive : 32% des ménages ruraux non périurbains sont vulnérables énergétiquement, contre 13% dans les pôles urbains.
L’impasse financière d’une transition imposée
La France s’engage dans un gouffre financier vertigineux. Les estimations convergent vers 66 à 200 milliards d’investissements annuels d’ici 2030, soit 8% du PIB consacré à la transition climatique. Cette ponction intervient avec une dette publique à 113% du PIB et une fiscalité à 42,8% du PIB.
L’explosion record des défaillances d’entreprises témoigne de l’étranglement du tissu économique par les contraintes environnementales. Les PME croulent sous les obligations climatiques : bilan carbone, audit énergétique, certifications et normes RSE, directives CSRD (à partir de 2026), mise aux normes. Pendant que la Chine inonde l’Europe de véhicules produits au charbon, Stellantis s’apprête à mettre temporairement à l’arrêt cinq de ses usines en Europe, en octobre.
Pour une transition énergétique populaire et souveraine
La révolution fiscale constitue l’urgence absolue. Tant que les dispositifs favoriseront massivement les classes aisées au détriment des plus modestes, la transition restera socialement inacceptable. Les écarts territoriaux exigent une refonte complète de la fiscalité écologique. Comment justifier de pénaliser un ouvrier contraint au diesel dans la Creuse avec la même sévérité qu’un cadre habitant dans une métropole ou dans la région parisienne ?
Plutôt que de subir la désindustrialisation au nom de l’environnement, la France pourrait faire de la décarbonation, une source positive comme un moteur de reconquête industrielle dans les bassins populaires. La « vallée de la batterie » dans les Hauts-de-France illustre cette possibilité : avec ACC à Douvrin, AESC à Douai, Verkor et ProLogium à Dunkerque. Les chaînes de valeur stratégiques rapatriées sur le territoire national créeraient les emplois nécessaires pour compenser les destructions d’activités traditionnelles. Tant que la transition énergétique restera l’apanage d’une élite urbaine financée par les classes populaires, elle demeurera vouée à l’échec.
William Thay, Politologue et Président du think-tank gaulliste et indépendant Le Millénaire
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Crédit photo : Petrol pump mp3h0354, via Wikimedia Commons, sous licence CC BY-SA 2.0 FR.

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