L’Argentine vit une révolution historique. Alors que toutes les recettes économiques traditionnelles ont échoué, l’économiste libertarien, Javier Milei, incarne l’espoir d’un redressement national. Et si la solution aux maux économiques d’un pays ne venait plus des socialistes ni des comptables, mais des populistes libertariens ?
Un pays malade
L’Argentine incarne le paradoxe d’une nation riche en ressources naturelles, en capital humain et en potentiel industriel, mais sans stabilité économique. Inflation, pauvreté structurelle, dette, fuite des capitaux : tous les voyants sont au rouge. En 2023, l’inflation a franchi la barre des 200 % sur un an. Près de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le peso argentin s’est effondré, perdant la confiance des citoyens et des marchés. Le pays a connu plus de neuf défauts de paiement depuis son indépendance et est désormais sous dépendance du FMI.
L’Argentine a accumulé les boulets et les politiques de court-terme. La dictature militaire, l’endettement inconsidéré des années 1990, la crise de 2001, la gestion clientéliste du péronisme ont miné la crédibilité de l’État. Pire, la défiance envers les institutions rend toute réforme structurelle douloureuse et souvent inefficace.
Les remèdes traditionnels ne fonctionnent plus
Pendant des décennies, deux visions ont tenté de soigner l’économie argentine : l’interventionnisme de gauche et l’orthodoxie néolibérale. Deux échecs.
Le remède socialiste consistait à renforcer l’État-providence et les services publics par l’augmentation de la pression fiscale. Cela les conduisait à nationaliser des pans entiers de l’économie. Résultat : déficit public hors de contrôle, secteur privé étouffé et non compétitif, exil fiscal et vers l’économie informelle, et appauvrissement généralisé des classes moyennes.
Mais la réponse comptable n’a pas fait mieux. Les coups de rabots budgétaires sans réelle vision économique de long terme, imposées par les plans du FMI pour remplir un objectif comptable, ont plongé le pays dans une récession prolongée. Inspirée par les méthodes européennes sous la crise des dettes souveraines, les coupes budgétaires se sont surtout traduites par la destruction des capacités productives.
Ainsi, les réformes « libérales » et « sociales » n’ont pas touché à la dépense publique et sociale puisque 51% des argentins reçevaient une aide sociale avant l’élection de Milei tandis que le poids de la dépense publique donc de l’État restait le même (environ 40% du PIB).
Vers une victoire économique ?
Ainsi, Milei a émergé comme une figure iconoclaste qui bouscule les codes : suppression de la Banque centrale, dollarisation totale de l’économie, réduction drastique de la taille de l’État, fin des privilèges syndicaux et privatisations massives. Or, contre toute attente, ses premières mesures commencent à produire des effets car son pays enregistrerait 3,9% de croissance en 2025 grâce à la réduction du déficit primaire (33 000 suppressions d’emplois publics), la stabilisation monétaire et la relance du privé par un choc de confiance auprès des investisseurs.
L’Argentine deviendrait le premier laboratoire du nouveau libéralisme. Là où les sociaux-démocrates et les conservateurs ont échoué, les libertariens pourraient réussir à recréer de la croissance en assumant un changement de paradigme total adapté à la nouvelle économie mondiale. Ainsi, elle rompt les idées préconçues, en baissant les dépenses sociales pour baisser la pauvreté et baisser les dépenses publiques pour un État plus efficace.
L’Argentine ouvre peut-être une nouvelle page de l’histoire économique contemporaine : celle des libertariens, longtemps marginalisés, accèdent au pouvoir avec une légitimité électorale et une efficacité économique inattendues.
William Thay, Président du think-tank Le Millénaire à retrouver dans le numéro du 24 avril 2025
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Crédit Photo : Milei ataca Lula e repete com Brasil o que fez na Espanha – NSC Total, de Mídia NINJA, via NSC Total, sous licence CC BY-NC 4.0.
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