Alors que le Parlement va prochainement voter le budget de l’Etat, un constat s’impose : jamais la France n’a autant prélevé et autant dépensé. Pourtant, la demande de davantage de dépenses et de taxes est toujours aussi forte. Cette logique néfaste conduit à un appauvrissement global avec un modèle à bout de souffle. Plutôt que de se demander comment dépenser plus, il faudrait savoir comment dépenser mieux.
La France est la championne des prélèvements obligatoires. Depuis, plus de 10 ans, la France se partage avec le Danemark le haut du classement des pays de l’OCDE ayant les taux de prélèvements obligatoires les plus élevés. En 2022, la France a prélevé 11.198 milliards d’euros en recettes fiscales, soit 45,4 % du PIB. Malgré les mesures d’allègement fiscal prises par Emmanuel Macron, cela représente une pression fiscale supplémentaire française de plus de 270 milliards d’euros en moyenne par rapport aux autres pays de l’OCDE.
De même, nous sommes en tête des pays qui dépensent le plus. Selon l’INSEE, en 2022, les dépenses publiques s’élèvent en France à 1.480 milliards d’euros, soit l’équivalent de 58,3 points de PIB ce qui représente un écart de 15 points de PIB par rapport à la moyenne de l’OCDE . Cet écart s’explique surtout par le poids des dépenses sociales en France. Sur 100 euros, nous dépensons 57 euros en protection sociale, et dominons de loin le classement.
Manque de moyens
La France dépense plus pour une qualité de service similaire ou moindre que ses voisins. Malgré les sommes considérables investies dans les services publics en France, des retards dans la réalisation de projets et une bureaucratie excessive accentuent l’inefficience de l’action publique. Selon France Stratégie, l’action publique française est moins efficace que les autres pays de la zone euro sur la santé, les retraites, et l’enseignement secondaire.
En plus de l’inefficacité, les services publics font face à des manques importants . Les infrastructures sont souvent vétustes et nécessitent une modernisation pour répondre aux besoins croissants de la population. Un autre aspect préoccupant est la rémunération du personnel des services publics, qui est souvent inférieure à celle de nos voisins. En effet, alors que nous dépensons la même somme par habitant que les Allemands dans l’éducation ou la santé, leur personnel soignant et leur professeur sont mieux payés que les nôtres.
Changement de logique
Notre système basé sur une logique d’augmentation continue des dépenses publiques et des impôts est à bout de souffle et n’est plus viable. Malgré les sommes considérables investies, les résultats escomptés ne sont plus au rendez-vous. Ainsi, malgré des dépenses sociales records, 9 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et il faut dorénavant 6 générations pour qu’une famille pauvre sorte de la pauvreté selon l’OCDE.
La France doit opter pour une rupture, nous ne pouvons plus nous satisfaire d’un système qui dépense toujours plus pour une baisse de la quantité et de la qualité des services publics. Cela implique une remise à plat de notre modèle pour faire une revue générale et un audit de nos politiques publiques. Plutôt que la recherche de moyens supplémentaires, nous devons rechercher une meilleure efficacité, par exemple en investissant dans la modernisation des services publics et la mutualisation des moyens pour améliorer la coordination des services.
On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré ce problème. Nous devons rompre avec le dogme qui a gouverné la France depuis une quarantaine d’années pour construire un nouvel horizon.
William Thay, Président du think-tank gaulliste et indépendant Le Millénaire, spécialiste des politiques publiques.
Clément Perrin, Directeur des études du Millénaire
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Crédit photo : ministère de l’Économie et des Finances, via Flickr sous licence CC BY 2.0
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