L’islamisme est la menace principale qui pèse sur l’art de vivre à la française. Si l’ennemi est désigné depuis plusieurs décennies, il a désormais un nouveau visage : les mineurs radicalisés. En effet, l’ensemble des projets d’attentats déjoués en France en 2023 ont été le fait de mineurs et une douzaine a été mis en examen pour terrorisme. La manipulation de mineurs à des fins terroristes permet aux islamistes d’utiliser nos faiblesses morales et judiciaires pour nous mener une guerre. Seulement, même s’il s’agit de mineurs, se compromettre avec l’islam radical, c’est trahir la France et nous devons les traiter ainsi.
Le plus grand défi du siècle pour l’école
L’école républicaine est devenue le théâtre du choc des civilisations. Si cette théorie du politologue néo-conservateur américain Samuel Huntington avait légitimité les actions militaires des Etats-Unis et de l’Occident au Moyen-Orient contre le terrorisme et avait placé l’Occident comme « agresseur du monde musulman », force est de constater que ce sont désormais les islamistes qui croient le plus au choc des civilisations et qui agressent le monde occidental. La multiplication des attentats de masse l’atteste. En effet, les islamistes ont érigé un système de valeurs concurrent à celui de l’Occident et chaque attentat vise un symbole de la civilisation occidentale et de son art de vivre. En France, l’école est en première ligne car elle incarne la laïcité qu’ils perçoivent comme un instrument islamophobe, comme l’ont montré les assassinats des regrettés Samuel Paty et Dominique Bernard.
Le défi pour l’école est immense car la gangrène de l’islam radical séduit de plus en plus de mineurs. Cette stratégie de séduction s’appuie sur deux puissants leviers. D’une part, les islamistes s’appuient sur la défiance d’une partie des Français musulmans à l’encontre de la laïcité. En effet, selon un sondage Ifop publié en décembre 2023, 78 % des Français musulmans estiment que « la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans ». L’école perd ainsi son statut de sanctuaire avec certaines familles qui n’hésitent plus à contester l’autorité du professeur et de l’institution sur les enseignements ou le règlement intérieur (tenues vestimentaires, cantines, etc.). D’autre part, une offensive est conduite sur les plateformes et réseaux sociaux par les islamistes et prêcheurs présents au Moyen-Orient ou dans les pays anglo-saxons. Ils cherchent à séduire nos jeunes en expliquant que notre modèle est intolérant et qu’il restreint leurs libertés à la différence des pays anglosaxons ayant fait le choix du multiculturalisme et des « accommodements raisonnables ». Cela les conduit à accepter toujours plus les revendications de l’islamisme. Seulement, en séduisant nos mineurs, les islamistes sont parvenus à leurs fins : créer un terreau fertile à la radicalisation pour utiliser des mineurs afin de semer la mort chez nous. En effet, l’ensemble des projets d’attentats déjoués en France en 2023 ont été le fait de mineurs.
Notre doctrine est archaïque
La doctrine du « pas de vague » est inadaptée pour contenir l’accroissement de la radicalisation. En refusant de nommer les choses, des manifestations de l’islam radical sont longtemps passées inaperçues. Or, la difficulté que pose la radicalisation des mineurs est l’hétérogénéité des profils et des situations. Il y a des jeunes issus de familles conservatrices, des jeunes étrangers provenant de pays gangrénés par les thèses de l’islam radical, des jeunes en contact avec des imams et prêcheurs radicalisés, des jeunes radicalisés en foyers, dans des associations ou sur les réseaux sociaux, des jeunes prêts à franchir le seuil du terrorisme, des jeunes terroristes ou encore des enfants de djihadistes, notamment les 25 enfants rapatriés d’Irak et de Syrie en 2023. Ainsi, la menace est plus diffuse et difficile à appréhender pour les pouvoirs publics que le moindre signal de radicalisation doit les conduire à intervenir.
Deuxième doctrine néfaste, la doctrine « de l’exemple » est une preuve manifeste de notre angélisme vis-à-vis de l’islamisme. Nos responsables politiques ne font évoluer la législation qu’après chaque horreur. En effet, la loi sur les séparatismes n’a été adoptée qu’après l’assassinat de Samuel Paty. Par exemple, elle crée un délit de mise en danger sur les réseaux sociaux afin de pouvoir punir les parents d’élèves qui ont fait le choix de dénoncer publiquement le professeur sur les réseaux sociaux. Or, si cette avancée est intéressante, la doctrine « de l’exemple » en elle-même ne résoudra jamais la gangrène de l’islamisme à l’école. Ces derniers trouveront toujours d’autres moyens de contournement et de dissimulation de la radicalisation pour poursuivre l’entrisme à l’école et maintenir un environnement hostile aux enseignants qui pour 54% d’entre-deux affirment s’être déjà auto-censurés selon une enquête menée par le ministère de l’Education nationale.
Sortons de la seule logique de prévention pour sauver notre école
Face au péril que représente l’islamisme à l’école et plus généralement dans le reste de la société (entreprises, services publics, sport, associations, etc.), la seule prévention ne suffit plus. En effet, en février dernier, Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale, annonçait des énièmes mesures de détection des signes de radicalisation chez les jeunes et un accompagnement au sein du système éducatif. Autant de mesures qui existent déjà, présentent des lacunes et sont mal-évaluées. Cela revient à dire aux islamistes que nous ne prenons pas les devants et les laissons poursuivre leur travail d’infiltration chez les mineurs. Près de 20% des fichés S pour islamisme sont mineurs et 18% d’entre eux présentent un danger immédiat. Récemment, un adolescent 16 ans a projeté un attentat dans le quartier de la Défense pendant les Jeux Olympiques. Un autre jeune de 14 ans préparait un attentat contre un centre commercial à Lille et un autre du même âge en Alsace. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour prendre la mesure de la situation ?
Sortir les élèves radicalisés de l’école républicaine est un premier pas, mais nous devons aller beaucoup plus loin. L’école n’est en effet plus en mesure de régler seule la situation. Afin de changer les choses, nous devons agir sur deux leviers : le droit et les moyens administratifs. D’un côté, nous devons faire évoluer le droit au regard des évolutions de la société, notamment sur deux points : la création d’un délit d’intelligence avec l’islamisme, qui affirme que tout individu fournissant des moyens matériels ou immatériels en vue de faire subir des pressions confessionnelles à un individu ou à une institution sera condamné par la justice (1) ; et la réforme de la justice des mineurs qui exclut de l’excuse de minorité les agissements à caractère terroriste (2). De l’autre côté, nous offrir un cadre légal plus souple à l’administration pour systématiser la dissolution d’associations gravitant dans les cercles islamistes (3) ou encore suspendre les subventions publiques aux collectifs les défendant (lorsqu’ils entravent l’OQTF d’un imam radicalisé ou formulent des recours excessifs afin d’éviter la dissolution d’une association comme le CCIF) (4) et qui font preuve d’une compromission hallucinante avec les thèses de l’islam radical.
Les islamistes se jouent de notre vision morale à faire respecter l’Etat de droit, de surcroît lorsqu’il s’agit de mineurs. Ils misent ainsi sur notre incapacité à traiter rapidement chaque situation alors que le processus de radicalisation ne peut prendre parfois que quelques mois avant un passage à l’acte terroriste. Ainsi, il nous faut sortir de l’angélisme vis-à-vis des mineurs radicalisés : se compromettre avec l’islamisme même lorsque l’on est un mineur est bien trop grave car il s’agit au fond d’une déclaration de guerre à la France.
Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Etudes du cercle de réflexion gaulliste et indépendant Le Millénaire et spécialiste des politiques publiques
Jacques Henri Gentil, Expert des questions éducatives du Millénaire
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