Europe des Nations, une superpuissance du XXIème siècle – la renaissance d’un idéal européen

La France occupe la présidence tournante de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2022, cette situation exceptionnelle qui arrive tous les 13 ans, doit permettre de faire passer l’Union européenne dans le XXIème siècle. En effet, la crise sanitaire a servi de catalyseur et a accéléré les grandes mutations mondiales déjà à l’œuvre. Nous assistons certainement à la plus grande crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale, qui appelle à rebâtir notre modèle à bout de souffle.

Nous devons nous préparer au monde d’après-crise alors que nous assistons à un basculement de grande ampleur qui possède plusieurs dimensions : une transformation économique, une évolution géopolitique, une concurrence systémique, la rapidité du progrès, et des défis transnationaux.

La transformation économique repose sur deux piliers : l’émergence d’un nouveau cycle économique qui tourne la page de l’ère néolibérale et l’émergence de la zone indopacifique comme moteur de la croissance économique.

L’évolution géopolitique est marquée par le retour des nations-empires ainsi que par la fin de la parenthèse d’apaisement entamée à la fin de la Guerre froide. Nous évoluons ainsi d’un monde centré sur une superpuissance (les États-Unis) à un monde à deux pôles avec l’émergence de la Chine. Ce conflit va dicter les relations internationales pendant une trentaine d’années.

Ce monde devient de plus en plus concurrentiel, avec des acteurs étatiques démocratiques ou autoritaires et non étatiques qui essaient d’influer sur la production de normes pour façonner le nouvel ordre mondial.

La rapidité du progrès bouleverse la compétition mondiale, avec des acteurs étatiques et non étatiques qui luttent pour disposer des dernières avancées technologiques conférant un avantage économique, politique ou militaire.

Les défis transnationaux prennent une place de plus en plus importante de l’agenda politique des États membres : le climat, la biodiversité, la montée des tensions engendrant une instabilité, les flux migratoires et la sécurité menacée de toute part.

Afin de répondre aux enjeux du monde d’après-crise, l’Europe doit se doter d’une nouvelle ambition commune : devenir une superpuissance lors du XXIème siècle idéalement avant 1957 pour la célébration du centenaire. Cette Europe superpuissance doit avoir la capacité de rivaliser avec ses partenaires et rivaux américains et chinois sur les enjeux définis.

D’une part, il s’agit de se projeter vers un nouvel idéal de construction européenne. De l’autre, les Européens restent les gardiens d’un idéal après avoir dominés le monde par la puissance de leurs esprits et la grandeur de nos réalisations. Les bouleversements économiques, géopolitiques, technologiques, et les défis transnationaux dans un monde plus concurrentiel appellent à un sursaut européen si nous ne voulons pas sortir de l’Histoire, et perdre les fondamentaux de notre modèle et de notre civilisation dans la redéfinition de l’ordre mondial.

Les différentes crises ont mis à mal notre modèle déjà à bout de souffle, pourtant tout n’est pas si négatif puisque les Européens ont su faire preuve de résilience pour surmonter collectivement cette crise sanitaire. En poursuivant sur cette ligne, nous pouvons bâtir et faire entrer l’Europe dans le XXIème siècle afin de transformer une génération sacrifiée en génération de bâtisseurs. C’est dans cet esprit que les Européens du XXème siècle ont construit l’Union européenne après les ravages des deux guerres mondiales. Il s’agissait alors d’assurer la paix et de garantir le bien-être des peuples. Pour accomplir et préserver cette ambition, il est nécessaire de se doter d’une nouvelle ambition commune au regard des défis posés par les mutations en cours dans le monde d’après-crise.

L’Union a permis au cours des 60 dernières années de réconcilier les nations européennes, de poser les bases de leur prospérité commune, et d’affermir la démocratie. Cet acquis est fondamental et doit être préservé. Mais aujourd’hui les Européens doutent de l’Europe, voire s’en détournent purement et simplement. Le projet européen est remis en cause partout en Europe avec la montée des populismes, le Brexit, et la réaffirmation des intérêts nationaux. La machine technocratique bruxelloise tourne à vide ou, pire, rogne nos libertés et nos identités pour un projet devenu abstrait et malgré des menaces bien concrètes. Pour perdurer face aux défis du monde d’après-crise, l’Union européenne doit donc se reconstruire et ouvrir une nouvelle ère de sécurité et de prospérité sur notre continent.

Dans ce projet de reconstruction, les pro-européens et les eurosceptiques font en fait le même constat, celui d’une Europe malade, aujourd’hui incapable de nous protéger efficacement face aux géants américains et chinois.

Pour notre part, nous proposons une analyse lucide quant à la fois à la nécessité de l’Europe pour notre pays, aux insuffisances profondes de la construction européenne et à l’urgence d’agir. Nous avons plus que jamais besoin d’une Europe unie, forte, décidée à enfin défendre ses intérêts et ses valeurs. L’Europe est un rempart indispensable pour assurer aux Français comme à tous les Européens la sécurité et la prospérité économique. Ce sont là deux défis auxquels l’Europe est confrontée aujourd’hui, et c’est pour y répondre qu’elle doit se repenser. Les Européens du XXIème siècle doivent être à la hauteur des défis auxquels ils font face en repensant l’Europe. Ils doivent rénover de fond en comble leur maison commune qu’est l’Europe, afin de faire émerger une Europe du XXIème siècle, mieux à même de servir les Nations et leurs citoyens.

Pour cela, l’Europe doit se doter d’une nouvelle ambition commune : devenir une superpuissance lors du XXIème siècle. Ce siècle est marqué par un bouleversement économique, géopolitique, une concurrence systémique, une rapidité du progrès ainsi que le développement de défis transnationaux. Cela n’appelle pas forcément à plus d’Europe mais à une meilleure Union européenne capable de se redéfinir autour des 5 priorités pour devenir une superpuissance : politique, prospérité, protection, projection, et promotion.

Il s’agit en effet de cibler les priorités pour n’avoir qu’un seul objectif, faire de l’Europe une superpuissance sur l’ensemble des tableaux définis afin de servir d’effet de levier des ambitions nationales communes. Ces objectifs ont été choisis parce qu’ils peuvent faire l’objet d’un consensus européen. D’une part, ils nécessitent des moyens trop importants pour les économies nationales. D’autre part, ils complètent les fondamentaux posés par la construction européenne pour déboucher sur une vision. L’Union européenne est un effet de levier des ambitions nationales inassouvies sur des secteurs spécifiques, le reste demeurant à charge des États membres. Cette logique conserve ainsi la construction initiale des « petits pas » qui implique que l’Union européenne ne devienne pas un État fédéral, et que l’identité des États membres reste préservée.

L’Europe du XXIème siècle doit protéger les Nations et leurs citoyens en se fixant cinq priorités qui lui permettront de devenir une superpuissance capable de rivaliser avec les autres géants chinois et américains : assurer une Europe politique afin d’assurer la défense de nos intérêts dans la redéfinition de l’ordre mondial, retrouver sa puissance économique, assurer sa sécurité aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur, se tourner vers l’avenir en bâtissant l’Europe des grands projets, et enfin promouvoir notre modèle ainsi que notre civilisation.

Dans cette reconstruction, la France a toute sa place et doit même jouer un rôle essentiel. Notre pays a toujours été à l’avant-garde des grands projets et, à commencer par la philosophie des Lumières et la Révolution française, nos valeurs et notre modèle se sont exportés dans le monde et transmis au travers des âges. Victor Hugo a imaginé le projet européen au XIXème siècle, Robert Schuman et Jean Monnet l’ont concrétisé. Pour bâtir l’Europe du XXIème siècle, il nous faut donc être une nouvelle fois révolutionnaires. De plus, face aux déséquilibres liés à l’élargissement de l’Europe vers l’Est, la France ne peut plus se prévaloir uniquement de ses acquis historiques si elle veut continuer de peser en Europe : il nous faut bâtir une nouvelle stratégie, à commencer par un nouvel idéal et une vision pour le siècle à venir.

Par William Thay, Président du Millénaire, et Marion Pariset, Secrétaire générale du Millénaire

Pour nous aider à bâtir l’Europe du XXIème siècle ou nous rejoindre pour rendre sa grandeur à la France

Crédit photo : Commission européenne par Pixabay free image sous licence CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

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