Le monde de l’après crise sanitaire se distingue par une série de bouleversements qui alimenteront une crise migratoire sans précédent, bien pire que la crise migratoire de 2015. Lors de cette crise, près de 2 millions d’étrangers, principalement en provenance de Syrie, d’Afghanistan et du Nigéria ont emprunter illégalement les routes migratoires. A cette époque, l’Europe n’avait déjà pas réussi à gérer cette crise, dont les conséquences pour notre société sont nombreuses: insécurité et ensauvagement de la société, coût économique, essor du totalitarisme islamique sur notre sol, terrorisme, crime organisé ou encore délinquance du quotidien dans les grandes métropoles européennes.
Toutefois, la crise migratoire n’est pas derrière nous. En 2022, selon les estimations du Haut-commissariat aux réfugiés, près de 100 millions de personnes ont été contraintes de se déplacer en 20221. Si pour l’instant, près de 50% de ces migrations sont encore internes aux pays déstabilisés du Sud, la donne changera. Les Européens verront dans les prochaines années des millions de migrants se presser aux portes de l’Europe. En effet, les facteurs qui ont conduit à la crise migratoire de 2015 ont explosé depuis la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. D’abord, les États-membres devront faire face à une augmentation des conflits et un risque d’instabilité accru dans les zones géographiques proches (Afrique, Moyen-Orient, Ukraine, voisinage russe). En effet, la décennie qui s’ouvre est marquée par des conflits de haute intensité (guerre en Ukraine), le pourrissement de conflits antérieurs (guerre en Syrie, en Irak, ou au Yémen) et enfin l’apparition de nouveaux conflits (guerre des Généraux au Soudan). Des pays plus lointains sont aussi quasiment en situation de guerre civile (Nigéria, République Démocratique du Congo, Myanmar, etc.). De plus, la guerre en Ukraine a perturbé les chaînes de valeur alimentaires mondiales avec de nombreux pays du Sud (Égypte, Nigéria, RDC, Soudan, Liban, Algérie, etc.) dépendants de l’Ukraine ou de la Russie pour leurs importations céréalières.
Alors que ces pays vivent des bouleversements démographiques, leur vulnérabilité à des crises de la faim forcera leurs ressortissants à s’exiler. Enfin, le changement climatique, les dérèglements climatiques avec la multiplication en nombre et en intensité des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, séismes), la perte de la biodiversité et le manque de perspectives dans ces pays accélèreront les mutations en cours.
Face à cela, les Européens et les Français expriment un besoin légitime de protection. L’avènement d’une immigration massive non-européenne bouleverse notre civilisation. Pour autant, nous observons une distorsion entre les aspirations populaires de réduire l’immigration (environ 66% des Français selon les derniers sondages) et les priorités que se fixent les décideurs politiques.
Pire, la France semble subir sa politique migratoire plutôt que de la choisir. En effet, l’appareil administratif est régulièrement cible de dysfonctionnements, comme sur le cas des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Le manque de volonté politique, les blocages européens et une administration qui a dépossédé le politique de moyens d’action sont à l’origine de l’essor des mouvements populistes en Europe. Pour cela, il convient d’identifier les blocages précis et les difficultés rencontrées par les pouvoirs publics pour tâcher de les supprimer afin de rendre des moyens d’actions au politique pour viser un objectif ambitieux : 100% des OQTF exécutées d’ici 2025.
Par Virgile TERTIAN, analyste du Millénaire
Matthieu HOCQUE, Directeur adjoint des études du Millénaire
Contribution :
William Thay, président du Millénaire
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Crédit photo : manifestation de migrant via Flickr, sous licence CC BY-NC- ND 2.0
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