La France est la 7ème puissance économique mondiale. Seulement, elle n’est que la 23ème puissance éducative selon le dernier classement PISA paru en décembre 2023. Pourtant, avec 14% de son PIB sur l’éducation en 2022, la France ne dépense pas moins que ses voisins européens pour son système éducatif. Les problématiques du système éducatif français sont à chercher ailleurs tant d’un point de vue matériel (organisation du système, conditions matérielles d’acquisition des savoirs fondamentaux, etc.) qu’immatériel (attractivité du métier d’enseignant, pédagogisme, etc.). Il s’agit d’un drame absolu pour la France car on observe une stricte corrélation entre l’apogée des grands empires et des grandes nations et l’efficacité de leur système éducatif.
Le recul de la France dans les classements internationaux, comme le classement PISA, constitue une preuve de notre déclin éducatif. C’est en 2000 que la première enquête PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves ou Programme for International Student Assessment) a été mise en œuvre simultanément dans plusieurs pays, notamment les membres de l’OCDE. Le « PISA » est une enquête mondialisée sur les compétences globales des jeunes. Depuis, cette enquête est reconduite tous les trois ans pour évaluer les compétences des élèves de 15 ans dans les champs de la compréhension de l’écrit, de la culture mathématique et de la logique scientifique. Cette année, de nouveaux États ont participé à l’enquête, permettant d’étendre encore les comparaisons, parmi lesquels figurent le Cambodge, le Guatemala, le Salvador, la Jamaïque, la Mongolie, le Paraguay et l’Ouzbékistan. En 2000, la France était autour de la 10ème place du classement PISA dans toutes les disciplines. Or, elle ne pointe désormais qu’à la 23ème place. Autre preuve de notre déclin, l’intégration de 20 000 élèves ukrainiens depuis l’invasion russe avait déjà sonné l’alerte sur plusieurs disciplines comme les mathématiques, où les élèves ukrainiens avaient en moyenne près d’un an d’avance sur les élèves français.
Surtout, notre système éducatif en déclin doit affronter deux tendances récentes. D’une part, la diminution du temps d’attention disponible des élèves de la Génération Z mesurée par les enseignants lors des cours, en lien avec la culture des réseaux sociaux. Il est de plus en plus difficile de faire cours pendant une heure en captant l’attention pleine et entière des élèves. D’autre part, la diminution du goût de l’effort dans la société depuis la crise sanitaire. La sédentarité induite par les confinements s’est accompagnée pour les élèves d’une facilité à obtenir des résultats en travaillant moins, même s’il est à noter que la France a moins fermé ses écoles que le reste des pays européens. Seulement, ces deux points (diminution du temps d’attention et du goût de l’effort) sont les clés pour l’apprentissage des savoirs fondamentaux. En effet, l’apprentissage suppose à la fois de l’attention et de la concentration dans un temps long ainsi qu’un effort à fournir pour intégrer le socle de connaissances minimal requis pour être un citoyen éclairé et ainsi contribuer à la vie démocratique et républicaine. Pour cela, il est nécessaire de procéder à un choc de réalité sur nos résultats éducatifs sur le modèle de l’Allemagne en 2000. A ce titre, la récente publication des résultats de l’enquête PISA menée l’année dernière montre le niveau inquiétant des jeunes français. Il convient dès lors de porter une grande attention non seulement sur les leçons à tirer de cette nouvelle édition PISA mais surtout de faire preuve de volontarisme quant aux mesures à prendre pour corriger la situation.
Par Willy Faivre, Expert des questions éducatives pour le Millénaire.
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Crédit Photo : Collège Camille du Gast d’Achères, Christophe taamourte, département des Yvelines sous licence Creative commons, CC BY-ND 2.0 DEED, by Flinckr.
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