La France dispose d’une tradition colbertiste et interventionniste de l’Etat. Par différents leviers tels que la participation à l’actionnariat des manufactures et des entreprises, le financement public, les incitations fiscales ou encore la commande publique, l’Etat français intervient dans l’économie pour soutenir nos acteurs et leur permettre de rivaliser avec le monde entier.
Si à partir des années 1980, la révolution néolibérale portée par Margareth Thatcher au Royaume-Uni et par Ronald Reagan aux Etats-Unis, a réduit le périmètre d’intervention de l’Etat. En France, après l’échec des politiques socialistes et keynésiennes du tandem François Mitterrand et Pierre Mauroy de 1981, la France tente de suivre ce mouvement de fond. Cela se traduit par la première vague de privatisations du Gouvernement de Jacques Chirac contenues dans les premières ordonnances à la suite de la victoire de la droite aux législatives de 1986, qui débutent avec le groupe Saint-Gobain. Depuis, la dynamique semble irréversible et tous les Gouvernements successifs ont participé aux 41 entreprises publiques privatisées sur la période 1986-2020 dans tous les secteurs d’activité (secteur primaire : CGE, Elf Aquitaine, Total, Engie, etc. ; secteur secondaire : Saint-Gobain, Renault, Péchiney, Arcelor, Safran, Nexter, etc.) ; secteur tertiaire : TF1, Havas, Société Générale, Paribas, Crédit Lyonnais, Air France, France Télécom ou encore les aéroports et les autoroutes, FDJ, etc.).
Le président de la République a relancé le débat sur l’Etat actionnaire en renationalisant les 20% d’EDF qui n’étaient pas détenus par l’Etat. Aujourd’hui, l’Etat actionnaire existe toujours, mais sa présence s’est raréfiée dans l’actionnariat des entreprises du CAC 40 1,9%, contre près de 20% en 2000. Alors que la crise sanitaire a remis au centre du débat public le besoin de protection de l’Etat de secteurs stratégiques face aux crises comme dans le secteur énergétique, l’Etat actionnaire est-il un bon gestionnaire ?
Ce rapport vise à dresser un état des lieux de l’Etat actionnaire et des enjeux de son intervention pour déterminer si le consensus autour du « retour » de l’Etat dans les entreprises est pertinent, notamment à l’heure où notre pays dispose du 3e déficit public le plus important de l’Union européenne (5,5% en 2023 selon les derniers chiffres publiés par l’Insee).
Par Guillaume Escalmel, analyste du Millénaire et Hugo Spring-Ragain, analyste du Millénaire
Contributions : Clément Perrin, directeur des Etudes, Matthieu Hocque, directeur adjoint des Etudes.
Crédit photo : La Banque de France se raconte en livre, Guillaume SPEURT, sous licence Creative Commons. Crédits : Guillaume SPEURT.
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