Cinq ans après la crise du Covid-19, l’hôpital public français reste profondément marqué par l’épreuve qu’il a traversée. Pendant plusieurs mois, il a tenu debout grâce à la mobilisation exceptionnelle de ses soignants, dans des conditions souvent extrêmes. Ce moment aurait pu – et aurait dû – marquer un tournant, mais au contraire. Passé l’effort collectif, les promesses de transformation ont laissé place à un retour rapide à la norme bureaucratique. Pire, les rigidités administratives se sont souvent accrues, sous couvert de régulation, de transparence ou de pilotage.
La crise a pourtant révélé un paradoxe fondateur : plus l’urgence est grande, plus l’action doit être souple, décentralisée, au plus près des réalités. Or, l’hôpital est encore trop souvent gouverné à distance, par une accumulation de normes, d’intermédiaires et de procédures. Il en résulte une perte d’agilité, une surcharge de travail inutile, une démobilisation croissante des équipes.
Ce rapport part d’un constat simple : il faut débureaucratiser l’hôpital pour libérer les énergies, fluidifier les parcours, et replacer la décision au cœur des services. Il ne s’agit pas de réformer encore, mais de changer de logique autour de trois chocs : un choc de décompression des superstructures, un choc de décentralisation de la prise de décision et un choc de simplification des procédures.
Pauline Vincent, analyste au Millénaire
Matthieu Hocque, directeur adjoint des Études du Millénaire
Crédit photo : Emmanuel Macron visit to the Quirinale 20211125, de Presidenza della Repubblica, via Wikimedia Commons, sous licence Quirinale.it.
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