La délinquance juvénile n’est pas qu’une simple dimension de la délinquance, c’est une partie de l’âme de notre civilisation qui se joue. Elle est à la fois marqueur et cause du déclin d’une civilisation comme lorsque le phénomène de rixes entre jeunes gens se développent à Rome après le IIème siècle ou dans les grandes villes urbanisées et ouvrières de la IIIème République à la fin du XIXème siècle.
Or, aujourd’hui, notre société doit faire face à une jeunesse de plus en plus violente. Les jeunes de 13 à 17 ans représentent 31% des vols commis avec une arme et sont auteurs de 28% des vols de véhicule selon les statistiques du SSMI en 2024 alors qu’ils ne représentent que près de 10% de la population générale. Seulement, pour enrayer le phénomène, il faut poser le bon diagnostic : une partie de la jeunesse est en voie de décivilisation.
La décivilisation d’une partie des jeunes est le produit d’une succession d’erreurs de choix collectifs
Une société n’évolue que rarement à marche forcée. Elle résulte a minima de choix collectifs de nos dirigeants, mais également des peuples à travers les comportements individuels. Or, la première cause de délinquance juvénile est la désagrégation de la famille nucléaire et la disparition du père, autorité de sanction dans la famille traditionnelle. En effet, le modèle classique occidental de la famille nucléaire fondée sur le mariage s’effondre à partir des années 1960, aboutissant à la constitution de familles monoparentales sans père. Aujourd’hui, 8% des enfants de moins de 3 ans et 25% des adolescents de plus de 15 ans vivent sans leur père. La déconstruction de la famille, produit d’une idéologie post-soixantuitarde a fragilisé la mère qui s’est retrouvé seule.
Or, les pouvoirs publics ont encouragé cette nouvelle donne familiale en expliquant que l’école pouvait prendre le relais de l’éducation des jeunes. En 1985, François Mitterrand et Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Éducation nationale, entendent mener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat à l’horizon 2000 pour élever le niveau général de formation et lutter contre le chômage des jeunes. Cette pensée a introduit l’égalitarisme, à savoir la baisse générale du niveau de tous pour permettre au plus grand nombre de suivre le cursus. Pire, elle a créé de l’échec scolaire sans issue de secours en dévalorisant les filières professionnelles. Désormais, en 2025, près de 23,5% des élèves ont redoublé une fois avant la fin de leur collège en France (2e plus haut taux derrière l’Espagne). Une situation problématique d’autant plus lorsqu’il n’est plus possible de partir en apprentissage à partir de 14 ans.
Ces désagrégations de la famille et de l’école n’expliquent pas tout. Dans une société sans référentiel commun comme pouvaient le proposer les Armées avec le service national, une dernière cause est structurante : l’immigration. D’une part, la première raison est statistique en lien avec la surreprésentation de l’immigration extra-européenne documentée par le ministère de l’Intérieur et en réalité de leurs descendants malgré la nationalité française acquise. D’autre part, elles ont introduit des modèles familiaux facteurs de délinquance. Environ 16 000 à 20 000 familles polygames, soit près de 200 000 personnes, vivaient en France au milieu des années 2000, selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH)[1], souvent d’origine subsaharienne et issues d’une immigration antérieure aux interdictions de 1993. Or, elles créent de facto des situations de familles monoparentales, donc de parents démissionnaires ou démunis, qui conduisent les pouvoirs publics à prendre mesures telles que les couvre-feux pour les mineurs (expérimenté à Nîmes pour 15 jours à partir du 21 juillet 2025).
Vers une réponse multifactorielle
Pour poser la bonne réponse à la délinquance des mineurs, il faut poser le bon diagnostic. Celui-ci est multifactoriel. Il nécessite donc une approche globale pour sa prévention et sa gestion afin de traiter les causes de celle-ci.
Sur le premier aspect, il faut renforcer l’autorité familiale. Or, celle-ci ne se décrète pas, mais se construit par la responsabilisation des parents. Les comportements démissionnaires doivent être détectés très tôt et distinguer des parents dépassés, afin de permettre d’en analyser les causes par du personnel spécialisé, ce qui implique de renforcer les moyens alloués à l’ASE. Mais surtout, il faut être plus dur vis-à-vis des parents démissionnaires, à savoir ceux qui ne se rendent pas systématiquement en milieu scolaire, éducatif ou judiciaire, avec la suspension des allocations familiales ou l’expulsion du logement social, etc.
Concernant l’école, elle ne doit plus devenir un lieu de décivilisation, mais de recivilisation. Cela implique d’en refaire un sanctuaire qui valorise les bons éléments, orientée les plus fragiles mais surtout sanctionne les déviants. Cela passe par le retour de la discipline à l’école pour que le coût de la transgression « coûte plus cher » au délinquant que cela ne lui rapporte. Il faut renationaliser l’échelle des sanctions à tous les établissements scolaires et prendre en charge immédiatement par des personnels spécialisé les comportements déviants qui seront orientés vers des centres éducatifs spécialisés et délocalisés. Afin de soutenir un redressement de la réponse sécuritaire à l’école, la justice des mineurs doit profondément changer vers plus de fermeté car lorsque la société change, le droit doit aussi évoluer.
Enfin, la France doit lutter contre l’immigration pour reprendre le contrôle sur la délinquance des mineurs. Un mineur récidiviste étranger ne doit jamais pouvoir avoir la chance d’obtenir un jour la nationalité française. S’agissant des enfants de parents étrangers, le droit du sol ne doit plus s’hériter mais se mériter. Enfin, pour les cas de criminalité les plus graves pour les binationaux, après vérification des procédures de signalements des indices de radicalisation, il est nécessaire de prononcer des déchéances de nationalité assorties de procédure d’expulsions à la majorité.
La révolution pénale, angle adopté par Gabriel Attal, n’est qu’une partie de la l’ornière. Si la fin de l’excuse de minorité pour tous mineurs auteur d’atteintes aux personnes et l‘exécution de la peine dans des centres éducatifs fermés spécialisés sont nécessaires, elles ne se substitueront jamais à la nécessité de reciviliser quitte à changer la constitution s’il le faut. Plus que jamais notre société et les habitants des zones sensibles ne redoutent pas un tel changement, mais l’attendent avec impatience.
Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Etudes du think-tank Le Millénaire, spécialiste des politiques publiques
Jérôme Lades, Expert des questions de sécurité en zone urbaine, auteur du rapport « Reciviliser les jeunes barbares » pour le Millénaire
Pour soutenir nos analyses ou nous rejoindre pour rendre sa grandeur à la France
Crédit photo : INJEP, de Montecruz Foto, sous licence Creative Commons Share I Like.
Add a Comment