William Thay et Emeric Guisset dans Le Point : « Une droite gaulliste pour rendre sa grandeur à la France »

TRIBUNE. Pour le think tank Le Millénaire, la seule issue de la droite pour retrouver ses électeurs est de s’inspirer de la politique du général de Gaulle.

 Par William Thay et Emeric Guisset

Georges Pompidou annonçait le décès du général de Gaulle par une formule restée célèbre : « La France est veuve. » Depuis 50 ans, l’homme du 18 juin n’a toujours pas été remplacé pour proposer un nouvel horizon pour le pays. Le constat formulé pour la France vaut également pour la droite qui peine à trouver un espace politique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour proposer une offre d’alternance, la droite doit redevenir gaulliste en proposant un projet réformateur, disruptif et préoccupé par l’intérêt national sans avoir peur de recevoir des procès en « nationalisme » ou « populisme ».

Une nouvelle ère conflictuelle

Le monde entre dans une nouvelle ère marquée par deux grandes mutations : une nouvelle donne géopolitique marquant le retour des États-puissances, un changement de paradigme économique, le tout ponctué par une crise sanitaire qui accélère les mutations en cours. Sur le plan géopolitique, la menace endogène et exogène du terrorisme islamique conduit à la nécessité d’un État fort avec a minima une influence régionale. Au-delà du combat contre le fanatisme religieux, nous assistons à la résurgence d’anciens empires comme puissances régionales. L’Iran, la Turquie, la Chine ou encore la Russie illustrent parfaitement ce mouvement de fond. En voulant renouer avec leur puissance d’antan, ces puissances ont réorienté leur système politique et leur économie au service de leur volonté de grandeur.

Cette nouvelle géopolitique conflictuelle s’accompagne d’un changement du paradigme économique. Cette nouvelle ère économique lancée par la seconde révolution conservatrice de Donald Trump est une réponse à la crise de 2008 et à l’expansion chinoise. La crise financière de 2008 a mis à mal le paradigme néolibéral débuté en 1980. L’idée consistant à transférer les outils productifs des pays industrialisés vers les pays en développement afin de maintenir le pouvoir d’achat des classes moyennes grâce à des produits moins chers a volé en éclats. La crise de 2008 associée à celle du Covid-19 ont donné raison aux pays qui n’avaient pas laissé faire cette désindustrialisation (notamment Allemagne et pays est- asiatiques), et ont conforté l’intention de Donald Trump et de Boris Johnson de réorienter leurs économies pour les adapter à cette nouvelle ère des États-puissances.

Le gaullisme : la doctrine la plus adaptée à cette nouvelle ère

Cette nouvelle ère conflictuelle appelle le retour à une philosophie gaullienne pour replacer la France dans le concert des nations. Pour rendre sa grandeur à la France, la droite doit effectuer un retour aux sources et aborder les enjeux du XXIe siècle à travers le prisme de la philosophie du général de Gaulle. Pour cela, elle doit porter une véritable volonté réformatrice à travers une action globale pour transformer la France vers son nouvel horizon. Le Commissariat au plan doit proposer une orientation de long terme pour identifier les secteurs d’avenir pouvant offrir un avantage comparatif au pays. Cette stratégie serait complétée par une réforme de l’État afin de rendre le pays plus compétitif, pour soutenir nos acteurs économiques sur le marché européen et mondial face à une concurrence faussée, tout en libérant les énergies à l’intérieur du territoire. La restauration de notre économie est un pilier essentiel, mais une action gaullienne suppose d’agir également sur les autres leviers éducatifs, sociaux, énergétiques et de recherche pour faire de la France une nation d’industriels et de savants.

La France ne serait pas la France si elle ne mettait pas ses atouts au service d’une politique de grandeur reposant sur trois piliers : la construction d’une Europe politique soucieuse de notre modèle de vie pour incarner une alternative à la Chine et aux États-Unis, une politique étrangère indépendante, et cohérente avec une politique de défense capable de protéger cette troisième voie. Il s’agit essentiellement de concilier la vision des pays du Nord, d’une zone économique de prospérité avec la vision française d’une Europe-puissance capable de faire entendre sa voix et agir comme une entité stratégique.

Le pragmatisme pour rendre sa grandeur à la France

La mise en œuvre de cette nouvelle doctrine pour la droite nécessite du pragmatisme. Alors que l’Europe et la France connaissent un long mouvement de déclin sur la scène internationale, une paupérisation de leurs classes moyennes, et risquent de sortir de l’Histoire, l’heure est au pragmatisme. Pour inverser cette dynamique, il est nécessaire de faire voler en éclats tous les tabous, de renverser la table pour aborder chaque question sans idéologie, mais avec les obsessions de l’efficacité et de l’intérêt national. De Gaulle, tourné vers la grandeur du pays, était disruptif, et presque populiste au point d’être traité de « fasciste », sans qu’il soit pour autant préoccupé par le « politiquement correct ». Il s’agit ainsi plus pour la droite de retrouver son ADN perdu avec les décès de Philippe Séguin et Charles Pasqua, que de reprendre des idées de mesures gaullistes des années 1960.

Mais pour incarner ce changement de paradigme, la droite doit montrer du courage et de la volonté. En effet, un tel projet au service d’un idéal de grandeur ne manquera pas d’être raillé et décrédibilisé. D’abord moqué pour une « nostalgie » d’une grandeur d’un autre temps, le candidat qui voudra incarner ce projet ne manquera pas de subir les procès en populisme ou en nationalisme du pouvoir en place. Décomplexé et pragmatique, ce projet au service du peuple et de la grandeur de la France bousculerait l’ordre établi d’un duel annoncé comme joué d’avance.

 

Au-delà d’être la meilleure voie pour renforcer la place de la France comme acteur majeur dans les relations internationales, cette doctrine offre à la droite un espace politique clair entre Macron et Le Pen. En effet, aucun des deux ne peut incarner cette offre politique qui consiste à réconcilier la liberté et le besoin de protection. Porté par une vision européenne fédérale et une économie du libre-échangisme naïf, Macron ne serait pas en mesure de prendre les mesures de protection nécessaires contre les différentes menaces extérieures. Le Pen à l’inverse, dans sa stratégie d’union des classes populaires de droite et de gauche, ne pourrait pas prendre des mesures disruptives pour libérer les énergies du pays et favoriser l’innovation. Mais par-dessus tout, la droite retrouverait un sens, celui d’accomplir une révolution comme lorsque le général de Gaulle reprend le pouvoir en 1958, pour replacer la France dans le concert des nations.

Par William Thay, Président du Millénaire
Emeric Guisset, Secrétaire général adjoint du Millénaire

Pour que la droite redevienne Gaulliste ou nous rejoindre pour rendre sa grandeur à la France

One Response

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.