William Thay dans les Échos : «Beauvau de la sécurité» : lutter contre les violences anti-policières

Les policiers effectuent leur mission dans des conditions toujours plus difficiles. Pour William Thay du think tank Le Millénaire, le «Beauvau de la sécurité» doit aussi être l’occasion de lutter contres les violences anti-policières.

 

Le «Beauvau de la sécurité» devrait être l’occasion pour les policiers et gendarmes d’exprimer le mal être qui touche la profession. Ils sont en effet touchés par une crise de soutien. Les politiques ont livré à eux-mêmes les forces de l’ordre à la fois dans la réalisation de leur mission et surtout face à la violence de plus en plus présente dans le cadre de leurs fonctions. Si le «Beauvau de la sécurité» doit fixer une priorité, c’est celle de la lutte contre les violences anti-policières.

Rhétorique d’extrême gauche

Les forces de l’ordre sont confrontées depuis une vingtaine d’année à une montée de la violence à leur encontre. Cette violence est d’abord marquante car elle s’étend à l’ensemble des missions de nos policiers et gendarmes. Ainsi entre 2004 et 2019, le nombre d’hommes en uniforme blessés dans le cadre de leur fonction a doublé. Chaque jour une vingtaine de policiers et gendarmes sont blessés, et 65 contrevenants refusent de se soumettre à leur contrôle en commettant un refus d’obtempérer.

Cette violence s’inscrit plus largement dans une augmentation des agressions envers l’ensemble des agents de l’État (une agression de maire par jour en 2020). Cet ensauvagement qui touche les représentants de l’État est la preuve que la rhétorique d’extrême gauche est sans fondement et même qu’elle fait le terrain d’une haine contre les policiers. L’extrême-gauche, notamment sur les réseaux sociaux, mettent dos à dos, voyous et policiers, excusant la violence des premiers par des prétendues violences policières systémiques. Ce discours a une conséquence politique important sur les électeurs de gauche. Selon un sondage de l’Ifop paru le 25 janvier, révèle que 47 % des électeurs La France insoumise ont un sentiment négatif envers la police (hostilité ou inquiétude), quand seulement 27 % de leurs compatriotes partagent cette impression.

Un policier se suicide chaque semaine en France

Cette défiance envers les forces de l’ordre d’une partie du champ politique n’est heureusement pas partagée par la majorité des Français. Une majorité de Français soutient nos policiers et nos gendarmes. Dans l’étude de l’Ifop citée précédemment, les deux adjectifs qui reviennent en premiers pour les policiers et gendarmes sont «serviables» et «honnêtes». Les Français ont conscience de la rigueur dans l’évaluation du comportement des policiers, en effet avec 1.460 enquêtes ouvertes en 2019 par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police est l’une des administrations les plus surveillées.

Ce soutien de la population et de la classe politique est nécessaire face à la crise que traverse la profession. L’usage de la violence par les forces de l’ordre relève du monopole de la violence légitime en raison d’une nécessité du maintien de l’ordre public. Il ne s’agit pas pour les policiers et les gendarmes de faire usage de la violence par plaisir, mais pour protéger les personnes et les biens face à des individus violents ou menaçant. Les forces de l’ordre pâtissent des amalgames effectués par les discours d’extrême gauche de victimisation. Il faut rappeler qu’un policier se suicide chaque semaine en France. C’est le métier le plus touché en France par le suicide, et la France se place à la troisième place des pays occidentaux, quant au taux de suicide des forces de l’ordre.

Protéger ceux qui nous protègent

Pour en finir avec ce malaise dans la police et la gendarmerie, il faut soutenir et protéger ceux qui nous nous protègent. S’engager dans les forces de l’ordre répond d’abord à une vocation qui est celle de secourir et de défendre, et c’est dans la réalisation de ces missions quotidiennes qu’ils sont en danger.

Protéger nos policiers et gendarmes c’est leur donner les moyens d’effectuer leurs missions, mais plus encore que de l’investissement financier, ils ont besoin d’un soutien inconditionnel à la réalisation de leur mission. Un soutien politique d’une part, mais surtout la garantie d’une protection juridique et morale quand ils font un usage proportionné de la force, pour se protéger et protéger leur concitoyen. Les policiers ne doivent pas hésiter à se défendre en état de légitime défense. 

Alors que les policiers répondent chaque année à plus d’un million d’appel police secours, qu’ils effectuent leur mission dans des conditions toujours difficiles, et que leurs conditions de travail se détériorent, il est indispensable de faire de la protection des forces de l’ordre une priorité nationale. Si le «Beauvau de la sécurité» doit être l’occasion d’une réforme de la police, celle-ci doit être celle d’une confortation politique, morale et financière de leurs missions, et d’un soutien inconditionnel aux hommes et femmes qui ont fait le choix de secourir. Protégeons ceux qui nous protègent, car leur engagement nous oblige. 

Par William Thay, Président du Millénaire

Crédit photo : Gzen92, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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