William Thay et Olivier Bodo dans l’Opinion « Faire de la France, le paradis du travail »

« La pandémie a provoqué un désastre sanitaire, économique et social, mais peut s’avérer être une chance pour développer un modèle économique de rupture »

La gestion de la crise sanitaire, économique et sociale ne sera considérée comme un échec que si nous ne pouvons pas en tirer les enseignements. Nous devons mettre en place les conditions nécessaires pour répondre aux problèmes conjoncturels hérités de la crise, mais également aux maux structurels français. Nous devons libérer donc les énergies pour faire de la France le paradis du travail grâce à notre cadre de vie.

Notre pays doit se préparer à effectuer une transition de son économie qui est sous perfusion. En effet, mis à part le transport aérien, le tourisme ou la restauration qui ont été immédiatement impactés, les autres secteurs de notre économie se stabilisent grâce aux dispositifs de soutien. De fait, la véritable crise va commencer au moment où ceux-ci vont disparaître. Cet arrêt conduira à une asphyxie des acteurs économiques aussi bien des ménages que des entreprises. C’est pourquoi ces mécanismes doivent être arrêtés progressivement pour permettre une transition en douceur.

Boulet. Pour autant, nous devons tirer les enseignements de la crise pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Pour en sortir renforcé, il est ainsi nécessaire de changer de modèle. La transformation de notre économie ne doit pas répondre uniquement aux problèmes engendrés par la crise sanitaire ; elle doit également répondre aux problèmes structurels qui existaient auparavant. La pandémie a révélé la faiblesse du système économique français fortement dépendant de la consommation des ménages ainsi que la vulnérabilité d’approvisionnement de certains secteurs liés à des structures de production essentiellement basées à l’étranger. De plus, elle a ouvert des perspectives intéressantes en termes d’opportunités : il y aura clairement un avant et un après Covid.

Pour faire de la France le paradis du travail, il est nécessaire dans un premier temps de libérer les énergies des acteurs économiques pour leur redonner de l’oxygène tout en leur offrant un avantage comparatif. Tout d’abord, la diminution temporaire du taux de TVA dans les secteurs sinistrés doit encourager la consommation ou la reconstitution de la trésorerie des entreprises. Ensuite, une attention particulière devra être portée au niveau d’endettement des entreprises et au risque de faillite qui en découle. Pour cela, nous pouvons procéder à un allongement de la période de remboursement mais également, en ce qui concerne les PGE, envisager de supprimer le paiement des intérêts et limiter le remboursement au seul principal.

Enfin, la fiscalité française ne doit plus être un boulet, mais un avantage pour nos acteurs économiques. Pour cela, il faudrait aligner progressivement notre fiscalité sur celle du Royaume-Uni pour offrir un avantage comparatif à la France par rapport à ses voisins européens. Cet alignement passerait par une diminution du montant des cotisations sociales patronales, la baisse du montant de l’impôt sur les sociétés (IS) pour l’établir dès cette année à 25 % puis 20 % et la suppression de certains impôts de production qui sont une contre-logique économique.

Rupture. Pour faire de la France le paradis du travail, il est nécessaire dans un second temps d’entamer des réformes structurelles. Tout d’abord, il est nécessaire de rompre avec notre politique économique fondée sur la consommation et les dépenses publiques. La France doit redevenir une nation d’industriels et de savants en se réindustrialisant et en montant en gamme tant en termes de production que de compétences humaines. Ensuite, nous pouvons renforcer l’attractivité des régions sinistrées grâce, notamment, aux mutations du monde du travail engendrées par la crise sanitaire. Cela nécessite le développement des moyens de communication à travers les réseaux internet et téléphonique ainsi que des infrastructures d’accueil et de transports. Enfin, les réformes fiscales doivent permettre de libérer des marges de manœuvre supplémentaires aux entreprises pour investir sur le capital humain. En effet, en améliorant le bien-être des salariés et en renforçant leurs compétences, les acteurs économiques devraient enregistrer des gains de productivité.

La pandémie a provoqué un désastre sanitaire, économique et social, mais peut s’avérer être une chance pour développer un modèle économique de rupture. En effet, nous pouvons profiter de notre cadre de vie jugé agréable pour favoriser l’attractivité de la France. Il s’agit ainsi de créer un cercle vertueux par une montée en gamme pour rompre avec le perpétuel nivellement par le bas afin de faire de notre pays le paradis du travail.

Par William Thay, président du Millénaire
Olivier Bodo, Secrétaire général délégué du Millénaire et expert des politiques sociales

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Crédit photo : Photo par formulaire PxHere

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