William Thay et Emeric Guisset dans Le Figaro : « La liberté guidant le peuple »

«Les décisions sanitaires ne peuvent être prises à huis clos» – Le Figaro. Des décisions qui engagent les générations futures ne devraient pas échapper au contrôle démocratique, analysent William Thay et Emeric Guisset, du think tank «Le Millénaire». Ils critiquent en particulier le rôle joué par le Conseil de défense.

La crise sanitaire a conduit le gouvernement à adopter des mesures d’exceptions, restreignant les libertés les plus fondamentales. L’administration interdit plutôt que de protéger, et nous assistons à un «absurdistan autoritaire» selon les mots de l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

Des décisions absurdes sont prises à huis clos et à l’abri de tout débat démocratique. Alors que les décisions prises auront des conséquences économiques et sociales pour plusieurs décennies, il est temps de revenir aux fondements de l’esprit des Lumières pour reprendre notre destin entre nos mains et éviter d’ajouter une crise démocratique à la crise sanitaire.

Des décisions autoritaires et absurdes

Face à une crise qui a de multiples impacts sur notre pays, le gouvernement a décidé de confiner les Français non seulement en tant que sujets sensibles au risque sanitaire mais également en tant que citoyens. En ne s’appuyant que sur le Conseil de Défense composé par des personnalités désignées par lui-même, Emmanuel Macron sort peu à peu du cadre démocratique.

Si le Conseil de défense s’est substitué au Conseil des ministres, le Parlement a été remplacé par les conférences de presses d’Olivier Véran ou Jean Castex. Les citoyens ou leurs représentants n’ont rien à dire dans les décisions qui auront pourtant des conséquences pendant plusieurs décennies et que leurs libertés les plus fondamentales sont restreintes.

L’absurdité des décisions est renforcée par l’absence d’informations pourtant nécessaires à la responsabilisation du citoyen éclairé. L’arbitrage portant sur la fermeture des petits commerces ou les restrictions sur les plus grands ne possède aucune justification autre que «la lutte contre la propagation du virus».

Sur la fermeture des domaines skiables ou encore la réouverture de la Grande Roue de Lille mais sans possibilité d’accueil de public, quels étaient les véritables objectifs poursuivis si ce n’est rompre la confiance des Français envers la capacité des pouvoirs publics à prendre des décisions de bon sens?

Reprendre la main sur l’État profond

Les contestations contre la méthode employée et la nature des décisions qui ne permettent ni de satisfaire la population ni de remplir un objectif d’intérêt général visent directement l’État profond. Les hauts fonctionnaires, brillants individuellement mais dont la capacité collective reste à déterminer, sont trop souvent persuadés qu’ils ont raison envers et contre tous. Ils symbolisent ainsi la critique portée contre le pouvoir actuel, avec notamment une certaine arrogance illustrée par le manque de considérations pour les solutions ne provenant pas de la technocratie.

À ce titre, l’État profond comme Emmanuel Macron ne distingue pas la légitimité de position de la légitimité de l’action, l’une acquise par la nomination ou l’élection et l’autre par le consentement à la décision. Cela renforce la rupture entre la bureaucratie et les Français. De chacun des côtés, le sentiment d’un manque de légitimité de l’autre s’accroit, technique pour l’un et démocratique pour l’autre.

Les décisions prises pendant le second confinement doivent conduire à une remise en cause de la hiérarchie dans la prise de décisions politiques. Il est ainsi nécessaire que la représentation nationale des volets exécutif et législatif reprenne la main sur l’État profond pour les remettre à leur fonction originelle qui est celle de l’exécution.

Il n’est pas concevable que des personnalités aussi compétentes soient-elles puissent administrer un pays sans avoir l’onction du suffrage universel, phénomène qui se rencontre aussi sur le plan européen. Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.

La liberté de choisir son destin

La maitrise de son destin est un droit inhérent à toute démocratie. L’octroi de pouvoirs exceptionnels pour gérer la crise doit par nature être limité dans le temps, et se justifiait par le caractère inédit de la première vague. Toutefois, la poursuite durable de la menace sanitaire et ses impacts économiques et sociaux nécessite à minima un débat démocratique sur des décisions qui auront des effets pendant plusieurs décennies.

À titre de comparaison, la France n’est jamais repassée à son taux de chômage de 2007 et a mis plusieurs années pour revenir à son niveau de production d’avant-crise de 2008. Pourtant, la récession engendrée par la crise financière était de moindre nature que celle provoquée par les deux confinements.

Plus qu’une possibilité, la reprise en main de notre destin est un devoir. Comme l’illustre récemment les multiples manifestations, la méthode adoptée par le Chef de l’État, cumulant l’absurdité et le manque de consentement démocratique, peut conduire à un risque de révolte dans notre pays. Les pouvoirs exceptionnels accordés pour la gestion de crise confèrent au président de la République le droit de restreindre les libertés les plus fondamentales comme celle d’aller et venir, la liberté de culte ou la liberté d’entreprendre, mais aussi la maitrise de notre horizon national notamment sur les questions économiques et sociales sans le moindre débat possible.

Le coût humain et économique de la crise, inédit depuis la Seconde Guerre mondiale appelle à un nécessaire sursaut civique et démocratique. Engageant la France pour plusieurs décennies, les décisions sont trop importantes pour être prises à huit clos et à l’abri du débat démocratique.

Alors que le président de la République encourageait à la responsabilisation des Français, il devrait commencer par être digne de l’héritage laissée par les Lumières qui souhaitaient aboutir à l’éveil du citoyen éclairé. Autrement il subira ce legs, car la restriction des libertés est un moteur puissant de contestation comme l’illustre le tableau de Delacroix «la Liberté guidant le peuple».

Par William Thay, Président du Millénaire
Emeric Guisset, Secrétaire général adjoint du Millénaire

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